Suite aux dérapages incontrôlés de la chaîne tunisienne Nessma, l'instance de surveillance de l'audiovisuel tunisien, la Haica a rendu publique le 6 août 2014, sa décision: l'émission Ness Nessma (la version tunisienne du Grand journal) sera suspendue pendant un mois. L'instance de régulation a convoqué, le jour même, Nabil Karoui, patron de la chaîne Nessma, le rédacteur en chef de l'émission ainsi que son présentateur à la suite de l'émission diffusée dans la soirée du 4 août courant durant laquelle deux Libyens ont été invités. Les personnes convoquées ne se sont pas présentées au siège de l'instance. Nabil Karoui, P-DG de Nessma TV, avait déjà été convoqué par la (Haica), pour s'expliquer sur l'émission en question, durant laquelle deux extrémistes libyens, Mohamed Omar Baâyou et Nadhem Tayari, ont fait l'apologie du terrorisme. Selon le communiqué, l'émission a comporté des appels à la violence et à la guerre sans que le présentateur ne rappelle les impératifs juridiques qui s'imposent. La suspension décidée implique la diffusion et la rediffusion de ladite émission. Il a également été décidé de retirer les séquences vidéo de l'émission des pages et du site de la chaîne. «L'émission Ness Nessma, diffusée sur la chaîne Nessma TV, vient d'être interdite pour un mois par la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), selon un communiqué publié sur la page officielle de la Haica. L'instance a indiqué que l'émission diffusée lundi dernier, aurait véhiculé un message de propagande et une incitation à la violence express. La première réaction a été celle du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) qui, dès le lendemain, a publié un communiqué pour exprimer son indignation et reprocher à Nessma TV d'avoir donné la parole et la visibilité à deux individus qui soutiennent les groupes terroristes, Ansar Charia et Al Qaîda, et qui appellent les Libyens à s'entre-tuer. La Snjt a demandé au gouvernement et à la Haica d'assumer leurs responsabilités en prenant des décisions susceptibles de mettre fin aux pratiques comme celles de Nessma TV. Le syndicat a également dit sa volonté de traduire devant son comité d'éthique, l'animateur de l'émission, Hachem Bouaziz. L'équipe du programme de Ness Nessma sera aussi convoquée pour s'expliquer sur ses choix éditoriaux. La chaîne Hannibal TV est aussi dans le viseur de la Haica pour avoir aussi diffusé un enregistrement de l'un des deux extrémistes venus de Libye. En Tunisie, le contenu des médias est surveillé depuis l'attaque terroriste du mont Chaâmbi qui a coûté la vie à 15 soldats. Le gouvernement a décidé de veiller «à la neutralisation de tout discours prônant le takfir, car tout le monde est impliqué dans la guerre contre le terrorisme». Cette affaire a, en tout cas, créé un précédant dans le paysage audiovisuel tunisien. Des journalistes tunisiens jugent désormais nécessaire de mettre un code de traitement de l'information sur le terrorisme. La question était sur la table lors de la conférence de presse donnée par l'Association nationale des jeunes journalistes (Anjj). Elle s'interroge sur les limites à imposer au journaliste dans le rendu de l'actualité sur la sécurité nationale. Ceci au lendemain des attaques terroristes du mont Chaâmbi qui ont coûté la vie à 15 soldats tunisiens, signe de la montée en puissance des intégristes aux frontières de la Tunisie. D'où la nécessité de mettre en place un code de traitement de l'information sur le terrorisme, propose le Syndicat national des journalistes de Tunisie (Snjt). [email protected]