«Il faut respecter les symboles nationaux, le président de la République, le président du Parlement, le Chef du gouvernement (...) il faut que la critique soit dans le cadre du respect.» «Certaines émissions ont dépassé les bornes du respect.» Le ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, issu d'Ennahda. Alors qu'en Algérie, «Les Guignols de l'info» ont pris l'apparence d'un Jamel Comédy Club, à travers le programme «Jornane Gosto» sur Al Djazaïria TV, en Tunisie, la version officielle des marionnettes françaises, fait débat en Tunisie avec une guerre sans merci entre les deux télévisions privées: Nessma TV et Attounissiya TV. La radio privée, mosaïque FM, a annoncé que le tribunal de première instance de Tunis a rejeté le procès intenté contre la chaîne Attounissiya par Nessma Prodcast et Zig Zag production pour arrêter la diffusion de son émission «Logique Siyassi». Nabil Karoui, patron de Nessma, revendique l'exclusivité de la diffusion en Tunisie de l'émission des Guignols et l'utilisation des marionnettes. Moez Ben Gharbia, producteur à Attounissiya s'est dit satisfait de cette décision, précisant que le dossier présenté à l'appui était convaincant pour que le tribunal donne raison à Attounissiya TV. Ben Gharbia estime à cette occasion que les deux chaînes, en l'occurrence Nessma et Attounissiya sont victimes d'une escroquerie de la part de la Société française qui a vendu aux deux chaînes les droits d'exploitation des Guignols en faisant comprendre à Nessma TV qu'elle bénéficie de l'exclusivité en Tunisie. Si la version des Guignols de Nessma TV n'a pas été arrêtée, ce n'est pas le cas pour la troisième télévision privée tunisienne, la chaîne tunisienne Ettounissiya TV, qui a cessé la diffusion de son émission satirique politique des Guignols «Logique Siyassi» après des pressions du pouvoir, a accusé le secrétaire général du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), Mongi Khadraoui. Cactus production, le producteur de l'émission, est depuis la révolution de 2011 sous le contrôle de l'Etat, qui a repris les parts détenues par les Trabelsi, la famille de l'épouse du président déchu Ben Ali. Les accusations du Snjt coïncident avec des déclarations du ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, qui estimait sur les ondes de la radio privée Shems FM que certaines émissions «dépassaient les bornes». Le Snjt et plusieurs médias accusent le pouvoir de chercher à contrôler les médias publics. Plusieurs nominations de nouveaux directeurs de journaux, radios et télévisions ont fait scandale ces dernières semaines. Après quelque deux ans de liberté d'expression, la Tunisie replonge dans le verrouillage de l'espace médiatique et audiovisuel. Une situation qui inquiète certains patrons de presse qui ne cessent de revendiquer plus de liberté d'expression du gouvernement islamiste d'Ennahda. [email protected]