Il faut «détruire» l'organisation de l'Etat islamique, clamait, vendredi, au sommet de l'Otan, le chef d'Etat américain, Barack Obama. Et ses pairs de l'Alliance atlantique de lui faire écho, notamment le président français, François Hollande - tombé dans une impopularité abyssale jamais connue en France - qui trouve dans les désordres actuels du monde un dérivatif propice à lui faire oublier son incapacité à redresser une économie à la dérive et redonner aux Français l'espoir de lendemains meilleurs. Faire donner l'armée au Mali, en Centrafrique, voire en Irak est plus facile que de trouver des solutions aux problèmes qui minent son pays. Au sommet de l'Otan - du dernier week-end - le ton était indubitablement belliciste que ce soit à propos de l'Ukraine - le secrétaire général de l'Otan, le Danois, Anders Fogh Rasmussen, y est allé d'une diatribe virulente contre la Russie - que pour ce qui est de l'apparition de l'«Etat islamique» qui saccage tout sur son chemin. Sur l'Ukraine, les propos violents tenus par M.Rasmussen, que ses pairs n'ont pas cherché à nuancer, équivalaient à une déclaration de guerre. En fait, la seule gestion des crises ukrainienne ou jihadiste, se réduit aux menaces de «frappes» pour les uns, de «sanctions» pour les autres. Les «28» membres de l'Alliance semblaient assoiffés de sang, ne tentant pas de comprendre la genèse des évènements pour leur apporter des solutions autres que le recours à la force. Aucune issue militaire n'est pérenne, ces hommes politiques de «haut vol» doivent le savoir. Ainsi, on s'inquiète plus des effets de la montée en puissance du jihadisme, que de ses causes. Au sommet de l'Otan on s'alarmait des retombées que constituerait le retour des quelque 2000 jihadistes européens qui participent à la curée en Irak et en Syrie, que de comprendre pourquoi cet engrenage a été rendu possible. Les massacres des populations irakienne, syrienne, kurde, chrétienne et autres yazidie ou turcomane est le dernier de leur souci dès lors que les tueries se maintiennent loin de l'Occident. Un égocentrisme éhonté quand on sait que ledit «Etat islamique» est d'abord, une création des grandes puissances soucieuses de fixer ces régions dans des conflits de basse et moyenne intensité. Or, ces conflits obèrent pour longtemps le développement industriel et scientifique de ces pays, tout en les éliminant comme éventuels concurrents militaires. Lors des guerres du Golfe dans les années 1990, les Etats-Unis ont surtout frappé les universités, les centres de recherche, les hôpitaux universitaires irakiens et tout lieu susceptible de servir à la recherche de quelque nature qu'elle soit. Ce qu'un général américain a traduit ainsi: «Nous ramènerons l'Irak, 100 ans en arrière.» Ce qui fut fait. Le développement de ce pays est en stand-by depuis 30 ans. Certes, l'«Etat islamique» a pris des proportions inégalées et sans doute inattendues - que n'a pas atteint la nébuleuse «Al Qaîda», création du FBI et de la CIA américains - échappant au contrôle de ses tuteurs occidentaux, par Qatar et Arabie Saoudite interposés. La vérité finira par éclater et le monde saura que les Etats-Unis et les pays les plus agissants de l'Union européenne, ne sont pas étrangers à l'avènement du terrorisme transfrontalier - par l'utilisation et l'instrumentalisation de nervis et fanatiques qui ne connaissent rien à l'islam - et les désordres qui mettent désormais la sécurité du monde en danger. L'Occident et les monarchies du Golfe ont soutenu la rébellion contre le gouvernement syrien, rébellion dans les rangs de laquelle combattaient des jihadistes dont l'un des groupes est devenu le nuisible «Etat islamique». C'est encore l'Occident qui soutint le coup d'Etat fasciste, mâtiné de néonazisme en Ukraine - une théorie de ses responsables politiques, militaires et du renseignement ont fait le déplacement de Kiev - avec comme résultat la possible, sinon probable, scission de l'est ukrainien. L'Occident n'admet ni ses «erreurs», ni sa mauvaise fois que ce soit en Ukraine ou au Moyen-Orient. Ainsi, en Irak, l'Occident se bouscule pour armer les milices kurdes irakiennes, quand il fallait renforcer l'armée officielle irakienne sous-équipée. Baghdad n'a ni les moyens, ni n'est en mesure de s'opposer à ce fait accompli, alors que Américains et Européens placent les milices d'une province autonome avant l'armée de l'Etat dont elle dépend. Ce n'est que l'un de ces points choquants qui montrent la fausseté et les duplicités desdits Occidentaux dont le seul intérêt demeure le maintien de leur hégémonie sur le monde, fusse-t-il au prix de la dévastation de la planète.