En marge du sommet de l'Otan, au pays de Galles, les principaux chefs de l'Alliance discutent t avec le président ukrainien, Petro Porochenko Les Alliés ont multiplié hier les consultations pour trouver la parade, y compris par des moyens militaires, au défi posé par les jihadistes de l'Etat islamique, au deuxième jour du sommet de l'Otan au pays de Galles. Les Etats-Unis, qui ont mené depuis le 8 août plus d'une centaine de frappes ciblées contre les jihadistes afin de freiner leur avancée dans le nord de l'Irak, cherchent à former une coalition contre cette organisation qui a décapité deux journalistes américains et promet le même sort à un otage britannique. «Notre message est clair, nous condamnons unanimement ces actes barbares et Ignobles», a lancé le Premier ministre britannique David Cameron à l'ouverture du Conseil de l'Atlantique nord hier matin. Rappelant les «atrocités terrifiantes» commises par l'Etat islamique, qui a enlevé des milliers de civils et commis des meurtres de masse, le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a exhorté la communauté internationale à «arrêter l'avancée de l'Etat islamique». L'Otan devait adopter hier un plan qui doit rendre ses forces plus réactives, capables de se déployer en quelques jours si une crise éclatait, à l'est où la Russie inquiète les Alliés, mais aussi au sud-est. L'Alliance a déjà déployé des missiles Patriot en Turquie, qui a une frontière directe avec l'Irak et la Syrie. Le scénario d'une exportation vers les pays occidentaux d'actes de terrorisme par l'EI, qui a attiré quelque 2.000 jihadistes européens grâce à sa très forte présence sur Internet selon les services de renseignement, est également dans toutes les têtes. Une dizaine d'Américains se battent également aux côtés de l'EI, selon le Pentagone. L'EI a été au centre du dîner entre les 28 chefs d'Etat et de gouvernement alliés jeudi soir dans un château de Cardiff. Mais les discussions se mènent surtout en comité plus restreint, alors que les Etats-Unis cherchent à bâtir une coalition contre les jihadistes qui se fera clairement en dehors de l'Otan. Les ministres des Affaires étrangères américain, allemand, français, britannique, italien, turc, polonais, canadien, danois et australien ont ainsi abordé la question tôt hier matin. L'idée est de bâtir «une coalition éventuellement militaire, mais on n'imagine pas agir sans un cadre légal», par exemple avec l'aval des Nations unies, a souligné une source française. Le président français François Hollande, qui devait s'entretenir avec Barack Obama hier matin, s'est déjà montré ouvert à une «réponse militaire», précisant toutefois que cela devrait se faire «dans le respect du droit international». Paris de son côté tente d'organiser une conférence internationale courant septembre, à condition que le gouvernement irakien soit constitué. La livraison d'armes aux combattants kurdes, en première ligne face aux jihadistes dans le nord de l'Irak, entre également dans «la stratégie globale» de lutte contre l'EI. Sept pays, dont les Etats-Unis, la France, mais aussi l'Allemagne et l'Italie, livrent ou se sont engagés à livrer des armes aux peshmergas. Rompant avec sa politique traditionnelle, l'Allemagne s'apprête notamment à fournir 30 systèmes de missiles antichar, 16.000 fusils d'assaut et 8.000 pistolets. La Grande-Bretagne, concernée au premier chef en raison des soupçons sur la nationalité britannique du bourreau qui a décapité les deux journalistes américains, laisse la porte ouverte. «Il faut une stratégie complète afin de les mettre sous pression de toutes parts. C'est ce que nous essayons de faire à ce sommet», a expliqué David Cameron, qui a appelé les Alliés à ne pas payer de rançons pour les otages, soulignant que c'est «contre-productif». Les obstacles sont nombreux, car l'Etat islamique a établi son «califat» autoproclamé à la fois sur le territoire de la Syrie et de l'Irak.