Une industrialisation hâtive et sauvage L'industrialisation accélérée de la wilaya d'Oran a été l'un des principaux facteurs ayant amplement contribué à cette pollution ambiante. L'environnement d'Oran n'est plus bon à vivre. El Bahia est sérieusement menacée par une pollution ambiante. Ce sont là les révélations contenues dans le dernier recensement réalisé par la direction de l'environnement qui révèle que plus de 200 usines, dont près de la moitié est implantée dans la zone industrielle d'ES Senia, sont de grands pollueurs. L'alarme est donc tirée. D'autant plus que la pollution et son lot de dégâts irrémédiables ne sont pas un simple point de vue. L'industrialisation à la fois sauvage et hâtive de la wilaya d'Oran a été l'un des principaux facteurs ayant amplement contribué à cette pollution ambiante. Il est clair que la politique de l'environnement et les normes devant accompagner la protection du cadre de vie ne sont pas du tout respectées. Sinon comment interpréter le fait que «205 gros pollueurs ne sont pas suffisamment outillés pour préserver l'environnement», déplore-t-on. Le rapport des services environnementaux d'Oran est accablant puisqu'il conclut que «parmi les graves infractions constatées par les contrôleurs, les déchets industriels hautement toxiques sont déversés droit dans des endroits non spécifiques». Le même rapport indique que «le déversement des eaux industrielles dans le réseau d'assainissement est effectué en l'absence des autorisations d'exploitation». Plus grave encore, «les produits hautement toxiques, comme les huiles industrielles, produits chimiques et les acides de batterie, sont déversés sans aucun traitement dans les canalisations des eaux usées». Il semblerait que les promoteurs de l'industrialisation accélérée de la deuxième ville du pays n'ont pas pris en compte le facteur environnement. C'est du moins ce qui se profile tout compte fait étant donné que «plusieurs dizaines d'unités industrielles sont dénuées des moyens pratiques leur permettant la prise en charge des déchets toxiques qu'elles produisent». «Les déchets sont soit jetés dans la nature soit acheminés vers les décharges publiques destinées aux rejets ménagers et non pas aux rejets industriels», explique-t-on. Ce n'est pas tout. La wilaya d'Oran connaît ces derniers temps la prolifération inquiétante des stations de lavage et des usines de détergents installées en plein milieu du tissu urbain. «Plus de 2000 stations de lavage activent à Oran», a-t-on appris auprès des sources proches de la direction de l'environnement. Plusieurs de ces stations exercent en violation totale des textes régissant la nécessité de la protection de l'environnement. La dernière sortie de contrôle effectuée par les services environnementaux a été sans appel en relevant de graves atteintes à l'environnement commises par les propriétaires de station. «Des produits nocifs sont déversés dans le réseau d'assainissement et les eaux de la Sebkha», a-t-on révélé. L'impact de ces rejets est à la fois immédiat et direct. Les rejets industriels dans le réseau de collecte des eaux usées menacent la station d'épuration d'El Kerma. D'autant que cette station est mise en place à l'effet du traitement des eaux usées domestiques par voie biologique. «Elle (station d'épuration (Ndlr) n'est pas équipée pour la prise en charge des rejets industriels», explique-t-on. Aussi, le traitement des eaux résiduelles industrielles pose un sérieux problème. D'autant plus que ces rejets sont diversifiées à commencer par les polluants chimiques, solides ou dissous. Cette situation risque de prendre du temps étant donné que les rejets sont évacués dans le réseau de collecte des eaux usées sans aucun prétraitement. A toute cette situation s'ajoutent les fissurations importantes qu'ont connues les trois bacs de stockage de la station d'épuration d'El Karma. Cette fissuration n'a pas été sans incidences. L'eau traitée se déverse droit dans la Sebkha et la boue sur l'ancienne décharge, provoquant des inquiétudes environnementales chez les riverains sachant que ces espaces sont considérés comme zone humide à développer. Une expertise a été décidée et des travaux sont lancés lors de la visite récente à Oran du ministre des Ressources en eau, Hocine Necib. «Nous avons ordonné une expertise et les travaux de réhabilitation du premier bac fissuré seront achevés dans un délai de trois mois», s'est-il engagé. Comme première mesure prise, les responsables en charge de cette problématique ont mis en place un système de désodorisation, les travaux de cette installation sont confiés à une entreprise italienne. Un délai de deux à trois semaines lui a été fixé. La Step d'El Karma, bâtie sur une surface de 26 ha, traite jusqu'à 240.000 m3 d'eaux usées/ jour.