Pour l'instant, on sait seulement que l'Afrique du Sud et le Ghana ont été contactés pour voir s'ils peuvent organiser la compétition à la place du Maroc. La CAN 2015 pose problème semble-t-il. Les Marocains qui devaient l'organiser chez eux, du 17 janvier au 8 février 2015, avaient demandé le 10 octobre dernier le report de l'événement en attendant de voir plus clair dans cette histoire d'Ebola. La CAF ne veut pas entendre parler de report et le Maroc a dû renoncer à abriter la compétition. La CAF s'est alors tournée vers certains pays dont on a caché le nom. Pour l'instant, on sait seulement que l'Afrique du Sud et le Ghana ont été contactés pour voir s'ils peuvent organiser la compétition à la place du Maroc. Ce samedi, Johannesburg a refusé. «Cette possibilité n'existe pas. La CAF doit discuter du sujet avec le Maroc» a déclaré le président de la Fédération sud-africaine de football, Dany Jordaan. La CAF tient à sa coupe des nations, c'est normal. Il y a des sommes colossales engagées, des bénéfices tout aussi importants à engranger. Il y a la période qui est favorable à la libération des joueurs qui évoluent en Europe. Enfin, tout plaide pour le maintien de la date initiale. Tout? Enfin presque, parce que d'abord, le football, et contrairement à ce que d'aucuns voudraient nous faire croire, n'est qu'un jeu. Et s'il s'agit réellement d'abord d'un jeu, alors cela peut être reporté sans problème. Ensuite, il y a une épidémie, un virus contagieux qui hante le ciel africain et qui a dépassé le seuil des 4 500 décès sur ce continent de tous les maux. Certains pays concernés par l'affection actuelle par le virus sont engagés dans la course aux phases finales de la CAN et ils pourraient bien y participer, notamment la Guinée et, à un degré moindre, le Sierra Leone. Certains avancent le fait que les pays concernés par l'Ebola ne seront pas à la phase finale. On aurait bien aimé que ce soit aussi simple. Mais, dans la réalité, les choses sont plus compliquées qu'un simple air de savant qu'on pourrait prendre le temps de souffler quelques mots devant un micro que l'on nous tend. Oui, la réalité est beaucoup plus complexe car, dans cette histoire d'Ebola, il y a des pays déjà affectés et des pays à risque, c'est-à-dire qui peuvent l'être. Or, parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui pourraient prendre part à la compétition finale. Des chercheurs de l'université d'Oxford avaient publié des travaux en septembre dernier pour attirer l'attention sur cette question de pays à risque. Dans leur étude (1), ils ont retenu un vingtaine de pays à risque dont notamment le Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon, la Guinée, la Côte d'Ivoire, l'Angola, le Cameroun, l'Ethiopie, le Malawi, le Nigeria, le Sierra Leone, le Togo. Le pays qui se portera volontaire pour organiser la CAN 2015 devrait disposer des infrastructures nécessaires pour faire face à une apparition de l'épidémie à cause de cet évènement car, ne l'oublions pas, la CAN draine des supporters de tous ces pays et même d'ailleurs. Qui a les capacités de contrôler les entrées? Qui a les capacités de garder sous contrôle le virus s'il venait à se propager dans le pays organisateur? Les risques sont peut-être moins grands qu'on le dit, c'est très possible, mais ils existent et pour rien au monde, un pays ne devrait mettre ses citoyens devant un tel risque pour le simple plaisir d'organiser une CAN qu'on oublierait dans une semaine, même pas. La décision des Marocains de renoncer à organiser la compétition est une décision responsable. Celle de l'Afrique du Sud de refuser de prendre le relais l'est tout aussi. Y aurait-il des gens prêts à se jouer de la santé de leurs citoyens? Les semaines passées, toute la presse écrite avait mis en relief l'échec du sport et particulièrement du foot chez nous. La mort du joueur camerounais à Tizi Ouzou, les sanctions de la JSK, la disqualification de l'Algérie de l'organisation de la CAN, la violence dans les stades etc. Il y a lieu d'espérer que, pour essayer de marquer quelques points, les responsables du football chez nous n'iraient pas jusqu'à proposer à la CAF d'organiser cette CAN 2015 en Algérie. Cela relèverait d'un échec d'une autre dimension. Messieurs, laissez tomber! Nous aurons notre CAN dans de meilleures conditions, c'est sûr, mais laissons passer celle-là! Les risques sont trop grands. Elle ne vaut vraiment pas le coup. (1) voir http://tempsreel.nouvelobs.com/virus-ebola/20140908.OBS8534/ebola-20-pays-pourraient-etre-touches-par-le-virus.html