Une première présidentielle multipartite historique, mais il n'y avait pas la cohue dans les bureaux de vote Près de 5,3 millions d'électeurs étaient convoqués aux urnes, sous la protection de 100.000 policiers et militaires déployés par crainte d'attentats jihadistes. Tunis, au petit matin. Il est à peine 9h. Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes, hier, pour la première présidentielle libre de son histoire, près de quatre ans après la fuite de Zine El Abidine Ben Ali. Dans deux écoles situées au centre du quartier Bardo, quelques dizaines seulement de personnes font la queue à l'entrée de chacune des classes en attendant de pouvoir aller voter. Les pupitres d'élèves, d'un bleu un peu écaillé, ont été entassés dans la cour pour faire de la place. En revanche, nous avons remarqué l'absence des jeunes Tunisiens au niveau de différents centres de vote dans le quartier du Bardo et au centre-ville. Preuve en est, beaucoup d'entre eux qu'on a interrogés, disent qu'aucun des candidats n'est convaincant. Devant un taux d'abstention qui commençait à se faire déjà sentir, le ministre des Affaires étrangères, Monji Hamdi, a vite appelé dans la matinée d'hier les jeunes à voter soulignant que c'est une responsabilité nationale et une occasion historique pour exprimer leur volonté qu'ils ne doivent pas laisser passer. Près de 5,3 millions d'électeurs étaient convoqués aux urnes, sous la protection de 100.000 policiers et militaires, déployés par crainte d'attentats jihadistes. L'avenue Habib Bourguiba était fermée à la circulation laissant place aux véhicules de police et militaires stationnés sur la partie piétonne. Quelques dizaines de personnes étaient attablées sur les terrasses sirotant leur café dans le calme qui régnait dans cette avenue en l'absence de la circulation des véhicules. Vingt-sept candidats sont en lice pour ce scrutin historique dont les favoris sont Béji Caïd Essebsi, 87 ans et dont le parti séculier Nidaa Tounès a remporté les législatives fin octobre, et le chef de l'Etat sortant Moncef Marzouki, un opposant historique au chef de l'Etat déchu, Zine El Abidine Ben Ali. Une dame accompagnée de son petit garçon qu'on a interrogée à l'intérieur d'un supermarché situé au Bardo d'une façon indirecte si elle avait voté pour Marzouki, nous dira: «Je ne crois pas.» Elle a subtilement laissé entendre qu'elle avait voté pour Caïd Essebsi. Elle montre son doigt taché de violet. Cette couleur rappelle le mauve, la couleur de Ben Ali. Pour beaucoup de Tunisiens, c'est synonyme d'un retour vers le passé et c'est bon signe. Car, il faut le dire, une bonne partie des Tunisiens regrette l'ex-président. Ali, un quinquagénaire, a, lui, choisi de voter pour le président sortant Moncef Marzouki. Sympathisant d'Ennahda, il fait sa propre analyse mais pas si fausse que ça. «Tout ce que je peux dire est qu'heureusement Ennahda a été intégrée dans la vie politique. Je reconnais qu'il y a eu quelques erreurs commises par ce parti, mais il ne faut pas oublier qu'Ennahda était la seule formation à avoir joué le vrai jeu de la démocratie. Du fait que ce parti n'a pas présenté un candidat, il est de notre devoir de soutenir Moncef Marzouki connu pour son combat militant et en tant que démocrate. Je vous apprends que des capitaux émiratis ont été alloués au parti Nidaa Tounès de Caïd Essebsi dans le but de faire barrage au parti Ennahda et le CPR de Marzouki. Les Emiratis font tout pour empêcher les islamistes à rester au pouvoir. Par conséquent, on va vers le retour de l'ancien régime trant que le parti de Nidaa Tounès regroupe des anciens dictateurs sous l'êre Bourguiba et Ben Ali». Jusqu'à 13h de l'après-midi d'hier, le président de l'Isie Chafik Sarsar a annoncé que le taux de participation à l'intérieur du pays, à l'élection présidentielle, est de 13% jusque-là. Une baisse par rapport aux élections législatives. Chafik Sarsar a, par ailleurs, dévoilé les taux de participation à l'étranger circonscription par circonscription. Le taux global a, lui, atteint 18, 61%. L'Isie a également publié un tableau récapitulatif du taux de participation par circonscriptions électorales à 10h30. Ainsi, ce sont les électeurs de Ben Arous, dans la banlieue Est de Tunis qui affichaient la plus forte participation, avec 14,9% d'électeurs inscrits. En bas de tableau, Kairouan n'affiche que 4% de participation.