Plus de 60 000 logements sociaux locatifs attendent d'être distribués. C'est ce que nous a révélé une source bien informée. Un chiffre que les autorités préfèrent garder secret. Certains de ces logements sont en attente depuis l'année dernière. Ils doivent être distribués durant l'année en cours. On apprend à ce propos que ces logements se trouvent actuellement aux mains des chefs de daïra qui tardent à donner le feu vert pour attribuer ces logements aux bénéficiaires. Les commissions communales chargées de faire le tri, ont pour la plupart établi les fameuses listes. Il ne manque que l'envoi des convocations et l'affichage. Cependant, les autorités appréhendent une telle opération pour les émeutes qu'elle génère. De telles opérations sont toujours émaillées d'échauffourées et de mécontentements. Il est vrai que le quota, même s'il est qualifié par le ministre d'important, est en deçà de la demande. C'est pour cette raison sans doute que le ministre de l'Habitat et l'Urbanisme Nadir Mohamed Hamimid a refusé de révéler le nombre en dépit de l'insistance des journalistes présents en force au Forum de l'Entv dont il était l'invité, hier. Ce dernier a magistralement éludé des questions pertinentes concernant ce secteur délicat et dont la crise constitue l'une des plus importantes et dont le pays a du mal à atténuer. Au cours de la rencontre, le ministre, chiffres à l'appui, a dressé un bilan positif du programme lancé en 1999 et qui consiste en la construction d'1 million de logements tous types confondus. 700.000 ont été réalisés et 300.000 sont en cours de réalisation et qui ont englouti 300 milliards de dinars en 5 ans. Le ministre a affirmé qu'un programme similaire sera lancé durant le deuxième quinquennat du président. Un million de logements réalisables au terme de l'année 2009 et qui nécessitent une enveloppe financière de l'ordre de 100 milliards de dinars. 1 million de logements, c'est le déficit accusé par ce secteur. A la question de savoir si le gouvernement qui ambitionne de tenir un pari aussi utopique pour résorber la crise du logement, a les moyens de sa politique, l'orateur a répondu que la faille vient du fait qu'il existe un manque flagrant de main-d'oeuvre qualifiée. Il a étayé son argumentaire en agrémentant son intervention par une anecdote. «Les Chinois, a-t-il dit sur un ton ironique, ont eu du mal à trouver des ouvriers algériens aux compétences avérées». Selon lui, les Algériens ne résistent pas au rythme de travail des Asiatiques. Concernant les logements entrant dans le cadre de la formule location-vente, le ministre a exprimé son satisfecit. «Le relais jour et nuit des équipes a permis que les logements soient réalisés dans les délais prévus.» Seulement, il a nié l'existence de défaillances ou de dysfonctionnements concernant la viabilisation et l'aménagement. Quant à la dénumérotation, pour lui, c'est une pure invention de la presse. Et de conclure que «L'Aadl est une réussite». Quant aux charges que doivent payer les bénéficiaires des logements Aadl avant même d'y avoir habité, le ministre a rétorqué que «dès lors qu'un dispositif de gestion de la cité a été mis en place, les services concernés sont en droit de réclamer leur dû.» L'invité du forum de l'Entv a fait état de mesures drastiques visant à mettre de l'ordre dans son secteur. «Il n'est plus question de construire sans autorisation et sur des sites dangereux», a-t-il déclaré sur un ton péremptoire. Les édifications doivent répondre à des normes parasismiques pour ne pas rééditer l'expérience du séisme de Boumerdès. A ce propos et s'agissant de l'enquête diligentée dans ce sens, le ministre a renvoyé la responsabilité à la justice qui n'a pas encore tranché.