Le coup de massue électoral du 8 avril dernier a réduit le poids politique de plusieurs leaders à sa plus simple expression. L'opposition politique en Algérie vit son été le plus difficile depuis l'ouverture démocratique. Les crises qui secouent certaines formations, l'absence totale d'activités ou autres réactions sur des questions d'intérêt national, dénote la mort lente d'une opposition qui ne se réveille qu'à l'approche d'élections. Le coup de massue électoral du huit avril dernier, qui a vu le poids politique de plusieurs leaders réduit à sa plus simple expression, n'arrange pas les choses au sein de la classe politique qui traverse ces derniers mois une phase très critique de son parcours. L'on constate en effet, un grave déséquilibre entre les partis au pouvoir et ceux de l'opposition. Les 84,99% de voix recueillies par le chef de l'Etat renseigne si besoin est, sur l'échec des personnalités politiques qui se sont lancées dans l'aventure électorale d'avril dernier. Aussi, sommes-nous en Algérie dans une situation où personne ne peut prétendre au gouvernement du pays, tant les électeurs ne semblent accorder que très peu de crédit aux chefs de file de l'opposition. Cet état de fait, selon de nombreux observateurs, fragilise la démocratie en Algérie, au sens où la nation ne dispose pas d'un réservoir d'hommes et de femmes à même de prétendre sérieusement à la magistrature suprême.Cette amère réalité, pour une démocratie naissante, est rendue encore plus difficile à cause de l'entêtement des «perdants» à tenir coûte que coûte leur perchoir partisan en dirigeant un feu nourri contre le pouvoir en place. L'attitude de fuite en avant des leaders de l'opposition a un effet repoussoir sur la société qui, elle, est demandeuse d'un discours cohérent et qui va à l'essentiel. Les chefs de partis de l'opposition ne font en réalité qu'accentuer la crise politique en perdant de plus en plus de voix potentielles, estiment les mêmes observateurs qui retiennent également que le discours, à la limite de l'insulte, a pour conséquence de désarçonner la base militante de ces formations politiques en les mettant en porte-à-faux avec la société. L'impression de suivre un leader mal-aimé du peuple commence ainsi à s'incruster au sein de la masse militante. Celle-ci n'est pas encore arrivée à une maturité qui consiste à demander des comptes aux leaders et ces derniers profitent de cet état de fait pour brouiller les cartes et se maintenir à la tête du parti. Cela dit, plusieurs mois après l'échec du 8 avril, les partis de l'opposition ne semblent pas avoir pris la mesure de la catastrophe qui guette l'Algérie. Ils continuent à raisonner en vase clos, au lieu de tendre l'oreille à l'Algérie profonde. En évoquant systématiquement la fraude pour justifier la faiblesse de leur discours, il retarde l'inexorable travail d'autocritique qui doit, de toutes les façons, avoir lieu tôt ou tard. Pour l'heure, été comme hiver, le personnel politique de l'opposition demeure aux abonnés absents jusqu'au début de l'année 2006 où la proximité des élections législatives va le réveiller. En attendant, l'Algérie est toujours au bord du gouffre par la faute d'hommes qui ne veulent pas reconnaître leur défaite.