Jamais la nécessité d'un rassemblement des forces démocratiques ne s'est posée avec autant d'acuité et d'urgence que depuis l'élection présidentielle du 9 avril dernier avec le constat fait par les partis d'opposition et des personnalités du camp démocratique quant au rétrécissement de leur marge de manœuvre suite aux coups du pouvoir qui a réussi à réduire l'opposition à sa plus simple expression. Si ce constat fait l'unanimité, le consensus entre toutes ces forces n'est toujours pas acquis. C'est que cette opposition est aussi victime de ses propres contradictions qui, à ce jour, l'empêchent de construire ce bloc à même de constituer un contre-pouvoir face à ce qu'elle qualifie de “dérives”. Les appels du tandem FFS-RCD, qui s'est pendant longtemps entredéchiré, semble procéder d'une prise de conscience du péril et s'achemine laborieusement vers un accord autour de la question du pôle démocratique. Les dernières déclarations des deux partis convergent dans ce sens, mais vont-elles pour autant donner corps à ce regroupement resté jusqu'ici, pour des considérations diverses, un espoir toujours en attente d'être exaucé ? Difficile mais pas impossible pari, d'autant plus que la situation d'atomisation et de marginalisation, où les partis d'opposition démocratique sont poussés, incite plus à l'union qu'à l'éparpillement qui, plus que jamais, risque de leur être fatal. Les ingrédients d'une telle opération, par ailleurs salutaire pour l'avenir de la démocratie, la volonté politique affichée par les leaders et personnalités ainsi que le contexte général, sont réunis et représentent autant de facteurs favorables pour sa concrétisation. Pour peu que les leaders tirent les leçons des échecs des précédentes initiatives. Comme des échos, les appels répondent favorablement aux appels sans qu'un pas vienne confirmer les intentions des uns et des autres. Après Benbitour, qui a dit se mettre “au service du futur pôle démocratique”, l'appel du FFS, la réplique favorable du RCD, c'est au tour de Ali Rachedi, ex-FFS, d'annoncer son adhésion à la nouvelle initiative qui devrait se faire, dit-il, “sans préalable”. Malgré les contours définis, les déclarations d'intention et de disponibilité des acteurs à se regrouper, il n'en demeure pas moins qu'un consensus minimal peut s'avérer insuffisant pour passer le cap du vœu et faire oublier les clivages et les subjectivités sur lesquels ont souvent buté les initiatives. Et l'insistance de certains sur la levée de “tout préalable” n'est pas forcément faite pour arranger les choses. Car un pôle a pour pilier des partis politiques d'envergure auxquels se joignent les personnalités. Auquel cas, on se retrouverait, selon la suggestion de certains, dans une sorte d'assemblée générale où tout le monde est admis pour constituer un regroupement hybride auquel viendront se greffer d'autres “idées” (sans préalable). C'est du rôle des partis politiques de l'opposition démocratique, initiateurs du projet, de décider de l'option, de la formule et des idées autour desquelles sera bâti ce rassemblement. Il reste toutefois le poids des subjectivités qui pèse et pèsera encore sur cette construction qui se fait par le haut, alors que la base a déjà dépassé ce cap et ses directions respectives comme elle l'a démontré dans bien des événements. Cela contrairement aux leaders qui sont restés éloignés et quelquefois méfiants les uns des autres. Ce qui, bien entendu, profite au système qu'ils rejettent pourtant à l'unisson. Quelle chance reste-t-il à ce virtuel pôle démocratique de se réaliser ?