Dans une interview accordée à un confrère, le secrétaire général d'Ennahda «appelle les leaders du FIS à transcender leurs divergences» afin d'oeuvrer pour la paix et la concorde. Le secrétaire général d'Ennahda a dit, à propos du fameux Appel à la nation, qu'il est inédit par rapport aux précédentes initiatives politiques et nationales. Son but est d'instaurer la concorde nationale sans plus. Adami accorde, également, toute sa confiance à la commission d'enquête parlementaire sur les événements de Kabylie. Exprimant son soutien à la politique de concorde nationale, initiée par le Président de la République, il préconise quelques éléments clés de sortie de crise, dont la concorde nationale effective, la libération des détenus politiques, la prise en charge du dossier des disparus, l'abrogation de l'article 54-93, le desserrement de l'étau sur les mosquées, la consécration de la liberté d'expression et l'offre de garanties pour des élections libres et transparentes. Faisant l'apologie du «Manifeste de la nation», cette «ordonnance», dont le propos serait la sauvegarde de la religion et des repères identitaires, selon Adami, ce document a réuni autour de lui plus de 200.000 citoyens, en attendant le million et demi de signatures escomptées. Concernant la conjugaison des efforts avec le courant islamiste pour atteindre l'idéal de paix et de concorde, Adami avoue que, s'il bénéficie du soutien de Mahfoud Nahnah, il n'en est pas de même pour El-Islah, qui a refusé de soutenir cette entreprise et s'est abstenu de la parapher. Dans cet aveu à la presse, Adami déclare que cet appel rallie des figures de proue du Front islamique du salut, qui le considèrent comme un document de référence pour tout programme politique et social à venir, et invite le peuple à le soutenir, à l'instar des autres forces qui travaillent à l'établissement de droits démocratiques et humanitaires. A la question de savoir si le Dr Ahmed Taleb Ibrahimi s'est joint à cette action, le secrétaire général d'Ennahda répond par la négative. Il dit espérer «sa signature». Arrivant au noeud gordien de cet entretien de presse qu'est la question: «Cette initiative ne serait-elle pas une seconde version de Sant'Egidio?» Adami répond: «Sur le plan du contenu politique, elle est évidemment le prolongement de tout projet national ayant pour souci la concorde entre enfants d'un même pays. Elle est la solution adéquate et idoine à une crise qui mine l'Algérie, depuis plus de dix ans. Elle est indépendante de tout schéma précédent et s'inspire de l'esprit des ouléma et des pionniers de la conciliation. Deux aspects la définissent : le droit général de l'Etat et les droits fondamentaux du citoyen pour concrétiser la concorde nationale.» Que pense Adami de la tenue d'un congrès extraordinaire du FIS à l'étranger sous le sceau de la divergence entre ses leaders? Cela permettrait-il le retour du parti dissous dans le cadre de la concorde nationale? Catégorique, Adami dit qu'Ennahda n'a pas à s'immiscer dans les affaires internes des partis politiques, encore moins celles du FIS. Néanmoins, il incite les leaders du FIS à transcender leurs différends et à se concerter sur tout ce qui peut faire le salut du pays, la concorde nationale entre autres, une de leurs revendications, par ailleurs. Dans le sillage des questions-réponses, Adami nie avoir souhaité explicitement le retour de l'ex-FIS sur la scène politique nationale, sous le prétexte que ce dernier soit une pièce maîtresse sur l'échiquier de la concorde. La priorité, pour lui, étant d'éradiquer le spectre de la crise et de ses causes, «bien qu'il ait toujours appelé à la libération des chouyoukh et prisonniers politiques du FIS». Car, selon lui, tout le reste est du ressort de l'encadrement de cette mouvance, en fonction des priorités et de l'évolution de la situation du pays. Rétrospectivement, Adami brosse un tableau plutôt positif quant au climat qui prévaut actuellement en Algérie. D'après lui, les pires années sont celles d'avant-1998. Sans faire dans la nuance, Adami saisit cette sortie médiatique pour fustiger l'aile démocratique qu'il qualifie d'éradicatrice, au contraire de la mouvance islamiste, qui, elle, va dans le sens de la réconciliation. Selon lui, certains partis politiques sont prêts à marcher sur les cadavres d'Algériens pour atteindre le pouvoir. Pour Adami, la présence de son parti au gouvernement ne signifie pas l'aliénation de ses convictions: Ennahda s'oppose à la réforme de l'Ecole et de la justice, mais embrasse le programme du Président de la République dans le sens de la concorde nationale.