Course contre la montre des propriétaires de bâtisses en construcion 97.291 bâtisses inachevées, recensées par le ministère de l'Habitat, risquent tout simplement de passer sous la pelleteuse. On raconte que lorsque le «Terminator», Arnold Schwarzenegger était venu l'année dernière en Algérie, la chose qui l'avait marqué le plus, ou plutôt choqué, étaient ces maisons non achevées! L'ex- acteur et gouverneur américain est rentré chez lui mais ces bâtisses continuent d'agresser notre paysage. Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, semble enfin avoir pris conscience de ce problème qui «bidonvillise» nos villes. M.Tebboune a ainsi annoncé qu'il sera procédé à la destruction de toutes les bâtisses inachevées et non conformes aux normes urbanistiques si leur situation n'est pas régularisée avant août 2016. «L'Etat n'hésitera pas à détruire toutes les bâtisses non conformes après expiration du délai de régularisation de la situation des constructions inachevées», a insisté le ministre lors d'une réunion avec les directeurs de l'urbanisme et de la construction. «Quelles que soient les conséquences, l'Etat ne reviendra pas sur sa décision de sanctionner les contrevenants car cela relève de son autorité», a soutenu un Abdelmadjid Tebboune déterminé. Pour que ces décisions aient une légitimité juridique, le premier responsable de l'urbanisme et de l'habitat du pays a révélé qu'une nouvelle circulaire sera promulguée prochainement portant fermeture de tous les locaux situés dans les bâtisses inachevées pour amener les propriétaires à finaliser les façades de leurs bâtisses qui restent une propriété publique, avant de mettre leurs locaux en exploitation commerciale. Le texte juridique actuellement en étude interdit, par ailleurs, aux notaires de dresser des contrats de transactions immobilières (location et achat) sans présentation de l'acte de conformité de la bâtisse. Néanmoins, il faut rappeler que cette décision de Abdelmadjid Tebboune n'est pas nouvelle. L'Etat tente désespérément depuis 2008 de mettre fin à ces habitations qui ne se terminent jamais! La réception des demandes de régularisation a été entamée en 2008 en application de la loi 08/15 qui fixe les règles de conformité des constructions. L'opération devait prendre fin en août 2012 mais le délai a été prolongé jusqu'à août 2013 et maintenant à 2016. Ce qui sonne comme un voeu pieux de Tebboune et son prédécesseur Moussa a toutefois permis de dénombrer le nombre effarant de ces habitations qui ne répondent à aucune conformité. Une enquête du ministère de l'Habitat a recensé 97.291 bâtisses inachevées dont les propriétaires n'ont pas entamé la procédure de régularisation. Le même département doit procéder à l'examen des dossiers déposés et non traités (15.302 dossiers) et ce avant août 2016, sachant qu'au cours des années précédentes, 332.991 bâtisses dont 327.477 habitations et 5514 édifices publics ont été traités. Concernant les permis de construction, M.Tebboune a souligné qu'un décret sera publié dans le Journal officiel, dans les prochains jours, qui prévoit la réduction du délai de livraison de ce permis à 20 jours, ajoutant qu'il sera suivi d'une circulaire qui permettra aux citoyens qui n'auront pas reçu leur document après cette période d'introduire un recours auprès du ministère. Après étude du recours, un document est délivré au concerné l'autorisant à entamer les travaux. Une enquête sera toutefois ouverte concernant les causes du retard accusé. Le ministère compte multiplier ses efforts pour imposer le respect des règles urbanistiques et améliorer le paysage des villes et villages algériens, notamment à travers la révision de la réglementation dans ce domaine. Il faut dire que c'est une véritable anarchie qui règne dans l'urbanisation de nos villes. Les constructions qui pullulent ces dernières années ne respectent aucun cachet architectural. «Après l'éradication des bidonvilles à la fin 2015 et le règlement de la crise de logement fin 2018, nous nous consacrerons entièrement au traitement des irrégularités urbanistiques en mettant en oeuvre tous les moyens et capacités nationales pour concrétiser cet objectif», s'est engagé le ministre. Après la construction d'un million de logements, on risque donc d'assister à la destruction d'un million de logements...