Après avoir menacé de fermer la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar, a reçu sa nouvelle patronne. Les coups de gueule de la diplomatie royale finissent toujours par tourner en eau de boudin. Après avoir tenté de retirer sa confiance au représentant personnel du SG de l'ONU en 2012, elle a essayé de rééditer le même coup avec le successeur de l'Allemand Wolfgang Weisbrod-Weber à la tête de la Minurso. Chou blanc. La Canadienne Kim Bolduc s'installe finalement à Laâyoune, capitale du Sahara occidental occupé, neuf mois après sa nomination (au mois de mai 2014) au poste de Représentante spéciale pour le Sahara occidental et de Chef de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) par le secrétaire général de l'ONU. «Je viens prendre ma mission à Laâyoune et je suis très honorée de pouvoir participer à cet effort de paix dans la région», a déclaré la diplomate canadienne après avoir été reçue par les ministres marocains des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, et de l'Intérieur, Mohamed Hassad. «Si la Minurso persiste à sortir de son cadre, quelle solution voulez-vous qu'un Etat envisage? Une facilitation qui n'est plus neutre, n'a plus de raison d'être.», avait déclaré le chef de la diplomatie marocaine dans une interview accordée au Magazine Jeune Afrique au début du mois de janvier. Mezouar soupçonne ni plus ni moins la Représentante spéciale de l'ONU pour le Sahara occidental d'être proche des thèses indépendantistes et que Christopher Ross ne serait pas étranger à sa nomination. «M. Ross recherche actuellement un candidat ayant une forte personnalité, capable de faire face au Maroc et qui lui serait totalement vassal» avait écrit l'ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies à Genève Omar Hilale, le 11 avril 2012, dans une lettre confidentielle adressée à son souverain, Mohammed VI. Le diplomate marocain a été chargé non seulement de collecter des informations sur la démarche que compte adopter le diplomate américain pour trouver une solution au conflit sahraoui mais aussi à en fournir sur sa vie privée et ses contacts. «Ce casting de M. Ross et son scénario d'élargissement du rôle politique de la Minurso, insidieusement distillé dans le projet de rapport du SG, augure d'une Timorisation (programmée) de la question du Sahara. D'où l'impératif pour notre pays de considérer toute modification du mandat de la Minurso comme une ligne rouge et de tout mettre en oeuvre pour la déjouer quel qu'en soit le prix» avait ajouté le représentant permanent du Maroc auprès du Conseil des droits de l'homme à Genève. Lors d'un entretien téléphonique avec la ministre marocaine déléguée aux Affaires étrangères et à la Coopération, Mbarka Bouaida, la sous-secrétaire d'Etat, Anne Patterson, lui a fait savoir que Christopher Ross «doit revenir» et «que le Maroc doit le laisser faire son travail». Que pouvaient faire d'autre les autorités marocaines à moins de trois mois du vote d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui prolongerait le mandat de la Minurso sinon abdiquer. Bête noire du pouvoir marocain Christopher Ross est attendu dans les prochaines semaines dans la région. Rabat tente de desserrer l'étau et fourbit ses armes. Un comportement qui montre que le Palais royal est aux abois.