Dans les sociétés traditionalistes, le problème de la place de la femme dans son milieu s'est toujours posé. La femme se trouve au carrefour de deux courants de pensée qui se sont souvent affrontés: la tradition et le progrès. Paul Valéry disait déjà «la tradition et le progrès sont deux grands ennemis du genre humain». C'est ainsi que les législations des divers pays démocratiques s'efforcent de prendre des mesures ponctuelles destinées à supprimer les injustices et à faire face aux besoins des femmes, notamment par une reconnaissance juridique et leur insertion économique. Dès lors, la tradition avec son cortège d'idées reçues veut maintenir la femme en sujétion au foyer, à l'intérieur d'un périmètre quasiment géographique d'où elle ne devrait pas sortir, afin de maintenir un état de fait, ou statu quo, souvent inégalitaire. La volonté de progrès projetant le présent sur un devenir toujours idéel fait prendre des dispositions dans le but de parvenir à une égalité théorique de droits et de possibilités d'action dans la vie, quels que soient l'origine ou le sexe de la personne. Il ne s'agit peut-être pas de tradition ni de progrès, mais seulement d'une équité vitale et indispensable. Aussi, l'égalité des chances et la possibilité pour tous de vivre en jouissant des mêmes droits permettraient une coexistence harmonieuse entre les êtres. Dans son livre, Ney Bensadon tente de faire un retour sur la vision que l'humanité s'est faite de la femme au cours des âges. Ainsi, il passera en revue les divers concepts qui ont entouré la femme et sa place dans la société. Dans cet ordre d'idées, le mythe de la «femme faible» s'est transmis de la société de structure romaine, l'homme imposant sa volonté. Il persuade la femme de son infériorité naturelle et s'impose à elle. Il impose une interprétation des premiers chapitres de la genèse: ce sera le mythe d'Eve. Il inventera la supériorité de la virginité sur le mariage; ce sera le mythe de la virginité. Il voudra mettre la femme sur un piédestal, ce sera le mythe de la femme sacrée. Enfin, considérant que la femme est plus faible, il se posera en défenseur de celle-ci: ce sera le mythe de la faiblesse de la femme. La grandeur d'une civilisation se mesure à l'estime et à la considération que se portent ceux et celles qui la composent. Les troubadours n'ont-ils pas chanté l'amour. De là, la femme devient l'objet de culte et de vénération. Plus la femme devient inaccessible, plus l'homme la désirera. Il est prêt à tout sacrifier pourvu qu'elle lui appartienne. Elle devient le but à atteindre. Dans cette perfection imaginaire et cet amour sublimé, la place de la femme côtoie le sacré. C'est vers la fin du XXe siècle qu'une conclusion s'est imposée d'elle-même «l'homme ne pouvait diriger seul la race humaine, sans l'aide et le concours de la femme». En définitive, la grandeur d'une civilisation se mesure à l'estime et à la considération que se portent ceux et celles qui la composent. Nous regrettons toutefois que l'auteur n'ait pas cru pertinent d'inclure dans sa large revue des conditions de la femme dans divers pays du monde, celles prévalant dans les pays musulmans en général, arabes en particulier, d'autant que la question interpelle ces sociétés singulièrement en Algérie où le débat sur la code de la famille est d'actualité. Les droits de la femme des origines à nos jours Edition Casbah.1999.