Le souverain marocain Ce rendez-vous est organisé en territoire sahraoui occupé alors que toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU garantissent au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination. C'est tout le paradoxe de ces grandes puissances occidentales (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne...) qui veulent promouvoir la démocratie et la liberté à travers le monde et qui usent du droit de veto pour priver le peuple du Sahara occidental à s'exprimer librement quant à son destin. Le Forum Crans Montana qui doit se tenir en principe aujourd'hui à Dakhla, ville du Sahara occidental occupée par le Maroc, en est un exemple édifiant. Ce rendez-vous économique international est organisé en territoire sahraoui alors que toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU garantissent au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination. Malgré l'appel au boycott initié par l'Algérie et relayé de façon retentissante par l'Union africaine, le souverain marocain n'a pas daigné lâcher son os. «Nous, chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, lançons un appel aux Etats membres de l'UA, à la société civile et à toutes les organisations pour qu'ils ne participent pas à ce Forum prévu du 12 au 14 mars 2015 dans la ville occupée de Dakhla», souligne la condamnation adoptée à l'unanimité par l'UA le 31janvier 2015. L'Union européenne, l'Unesco, toutes les instances onusiennes, de nombreux pays, toutes les organisations internationales de défense des droits de l'homme ont dénoncé l'agression caractérisée et la violence faite au droit international par le caractère de ce type de rencontre. «Permettez-moi de souligner que l'Unesco, comme vous le savez, ne saurait s'associer à un Forum dont la prochaine édition se tiendra à Dakhla, territoire contesté aux fins du droit international et aux termes des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, auxquelles notre organisation est tenue de s'aligner et de se conformer» a écrit la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova dans une lettre datée du 19 février adressée au président exécutif du Forum de Crans Montana, Jean-Paul Carteron, un français d'origine établi en Suisse, marionnette entre les mains du monarque alaouite qui a décidé de sceller le destin du peuple sahraoui. «La ville de Dakhla est devenue un modèle et un exemple de développement pour le Maroc et pour toute l'Afrique...Le forum permettra de mettre l'accent sur ce qui se réalise maintenant à Dakhla et sur ce qui va se réaliser dans les années à venir», avait-il déclaré le 6 mars à Rabat. La voix de son maître. Mohammed VI défie la communauté internationale et crie encore une fois à qui veut l'entendre qu'il ne renoncera pas à son projet d'annexion du Sahara occidental. «Le Maroc restera dans son Sahara, et le Sahara demeurera dans son Maroc jusqu'à la fin des temps» avait affirmé le 6 novembre 2014 l'héritier de Hassan II dans une allocution adressée à ses sujets à l'occasion de la célébration du 39e anniversaire de l'annexion du Sahara occidental. La réplique ne s'est pas fait attendre. «Ce discours se veut une affirmation on ne peut plus claire d'une intention délibérée de faire fi de la Charte et des résolutions des Nations unies qui déterminent la nature de la cause sahraouie, le cadre de son règlement et la base des négociations», lui a répondu le gouvernement sahraoui dans un communiqué rendu public le lendemain. L'organisation du Forum de Crans Montana à Dakhla risque de signer un enterrement de première classe aux efforts déployés par Christopher Ross, l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental afin d'organiser un nouveau round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc.