Une semaine après l'horrible attaque terroriste qui a frappé en plein coeur de Tunis, la vie et l'espoir sont de retour. Les participants du Forum social mondial sont venus du monde entier afin d'exprimer leurs solidarité avec le peuple tunisien et à leur tête les Algériens. Dans un incroyable élan de solidarité, les Algériens présents en force en Tunisie ont inondé Tunis avec un vague espoir de défier ainsi les fous de Dieu et les démons de la mort. Cette forte et impressionnante mobilisation n'est pas passée inaperçue. La principale rue Bourguiba dans la capitale tunisienne semblait être une rue algérienne. Des «one two three viva l'Algérie», l'hymne national, des drapeaux et des défilés au long de la journée de mardi dernier sous le ciel gris de Tunis. Lors de l'ouverture du FSM, des milliers de personnes ont marché plusieurs kilomètres sous la pluie dont des centaines d'Algériens. Sur place, un jeune garçon sur une chaise roulante ayant une double fracture au pied, venu d'Alger, spécialement par route pour soutenir la Tunisie. Cette image très touchante restera gravée dans les esprits de nombreux Tunisiens. Un autre cas encore plus touchant, celui d'un jeune artiste non voyant présent sur place. «La Tunisie, non ce n'est pas encore fini comme certains le souhaitent», souligne Karim, le jeune artiste algérien, serrant la main d'une Tunisienne qui l'assiste et le guide. «L'Algérie est tunisienne et la Tunisie est algérienne», scandent à tue-tête de jeunes Tunisiens brandissant un drapeau algérien. «C'est impressionnant, j'ai les larmes aux yeux de voir tout ce monde et toute cette mobilisation algérienne», témoigne Hafsa, une Tunisienne d'un certain âge. Pour elle, l'Algérie a toujours soutenu la Tunisie. Mohamed, un autre participant tunisien à la marche de la dignité, ne trouvait plus les mots pour exprimer sa reconnaissance aux jeunes Algériens courageux et présents en force en Tunisie: «Dans les moments durs on trouve les amis.. Et les Algériens ne cessent de nous surprendre. Ils sont toujours là, présents». Les participants sont nombreux et les cas exceptionnels le sont aussi. Chacun d'entre eux a représenté l'Algérie dignement.. L'art, la culture, la religion, l'histoire et l'avenir unissent les deux peuples. «La solidarité est la principale corde qui lie les uns aux autres...» explique Djamel président d'une association algérienne composée de jeunes artistes. Tunis blessée se relève doucement mais sûrement de ce drame. Au lendemain du crime odieux, les dispositifs sécuritaires ont été renforcés.. Les forces spéciales occupaient les grands axes routiers, des barrages ont été installés et des contrôles à l'improviste se faisaient systématiquement. Tunis est sous haute surveillance. Cette attaque qui restera gravée pour longtemps dans la mémoire des Tunisiens, n'a pas pour autant empêché les gens à reprendre leurs activités et rejoindre leurs postes de travail. La vie continue tranquillement mais la vigilance s'installe. Le terrorisme ne terrorise pas les Tunisiens qui le rejettent avec toutes leurs force et existence. «Nous voulons montrer l'image d'un peuple debout», affirme avec rage, une journaliste tunisienne. Pour démontrer ce rejet viscéral du terrorisme, près de 300 personnes se sont rassemblées devant le musée du Bardo. Des internautes tunisiens avaient dans le même temps appelé à un rassemblement devant le Bardo sous le mot d'ordre «Ils ont voulu tuer la culture, ils ont touché un symbole, ils ont voulu nous faire peur, ils ont échoué». Finalement, le Bardo a été réouvert hier et en marge de la cérémonie d'ouverture symbolique, son responsable a expliqué dans une déclaration à la presse que «la réouverture au public est prévue dimanche prochain avec une stèle commémorative des victimes de l'attentat terroriste». Ce responsable, qui recèle l'histoire de la Tunisie, a tenu à la rappeler. Plusieurs personnalités dont des membres du gouvernement tunisien, des artistes. ont pris part à la cérémonie de réouverture symbolique. «Le terrorisme n'est pas tunisien et il ne le sera jamais..», souligne un jeune Tunisien tout fier de sa nationalité. La Tunisie profonde se serre les coudes et se mobilise pour exorciser ses démons dans un mouvement populaire criant haut et fort son rejet total de l'extrémisme religieux et son corollaire, le terrorisme armé. Comme un seul homme, les Tunisiens reprennent en choeur: «Kad sarakhar fi ouroukina eddimaa, namoutou namoutou Oua yahia elwatan», littéralement «dans nos veines le sang s'écrie, nous mourrons, nous mourrons mais que vive la patrie». Une virée dans les différentes artères de la capitale tunisienne nous permet de constater l'extrême attachement et le grand amour que portent les citoyens à leur pays et l'espoir que suscite en eux la formidable marche vers cette démocratie naissante, jaillie des décombres de l'ère de Benali.