Un attentat qui gâche la fête Loin d'être fortuit, l'attentat terroriste a été soigneusement orchestré pour choquer les consciences. L'odieuse attaque terroriste qui a ciblé le coeur de la Tunisie hier, coïncide avec plusieurs événements qui font dire aux spécialistes de la lutte antiterroriste que l'attaque est loin d'être fortuite, mais soigneusement préparée. Cette attaque intervient exactement à la veille de la célébration du 59ème anniversaire de la fête nationale tunisienne. Lassés par quatre années d'instabilité politique et institutionnelle, les Tunisiens s'apprêtaient à fêter dans la joie la promesse d'un ordre rétabli et d'une Tunisie guérie de ses maux. Gâchée, par cet attentat, la fête se transforme en deuil. L'attaque intervient également quelques jours après l'annonce par les services de sécurité tunisiens de la mort en Libye voisine d'Ahmed Al-Rouissi aussi connu sous le nom de guerre Abou Zakariya Al-Tunisi. Il est le principal suspect dans le meurtre de deux figures de l'opposition en Tunisie. Il a été tué au cours de combats contre les forces libyennes près de la ville de Syrte, ce terroriste commandait en Libye une unité de djihadistes de l'Etat islamique (EI). Selon les autorités tunisiennes, il était le cerveau des attentats qui ont coûté la vie à deux responsables de l'opposition tunisienne en 2013, Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd. L'attentat d'hier peut alors être interprété comme une vengeance de Daesh? Le drame d'hier intervient également à la veille d'un grand événement mondial que la Tunisie allait organiser dans les quatre jours à venir. Il s'agit du Forum social mondial qui devait rassembler des milliers de jeunes du monde entier. L'édition 2015 du Forum social mondial était initialement prévue du 24 au 28 mars sur le campus universitaire Al Manar. Les organisateurs visaient grand et voulaient donner à cette manifestation de la jeunesse un retentissement international. Tunis 2015 est conçu en un format «étendu» pour permettre la participation la plus vaste possible des personnes et organisations qui souhaitent prendre part au processus du Forum social mondial, où qu'elles se trouvent sur la planète. Enfin, l'attaque intervient au moment où la Tunisie se redéploie au plan international et allait prendre son envol après avoir clôturé le chapitre de la transition par une élection présidentielle saluée par le monde entier par sa transparence et son déroulement sans heurts ni bourrage des urnes. Erigée en modèle de transition démocratique, la Tunisie a démontré aux plus réticents de la planète qu'il est possible de réussir une transition dans le Monde arabe. Elu après un second tour en décembre 2014, Caïd Essebsi aura réussi à incarner pour une partie des Tunisiens la promesse d'un ordre rétabli et aux yeux du monde il est une véritable alternative aux islamistes d'Ennahda. Voilà que cet attentat réveille le spectre de la peur et le démon du terrorisme. Tout est remis en cause hélas!, il va falloir maintenant compter avec cette donne sécuritaire qui risque de faire très mal pour un pays qui tire l'essentiel de sa richesse du tourisme. Le tourisme est l'un des principaux moteurs de l'économie du pays qui génère 7% du PIB, selon l'Office du tourisme tunisien. Il fait aussi vivre un dixième de la population avec 400.000 emplois directs, générant entre 18 et 20% des recettes en devises par an. Réactions La Ligue arabe: «Les terroristes visent à compromettre le processus démocratique» La Ligue arabe a «énergiquement» condamné l'attaque terroriste contre le musée du Bardo, près du Parlement à Tunis, qui a fait plusieurs victimes parmi les touristes et les citoyens tunisiens innocents, selon un communiqué de la Ligue rendu public hier. «Cette attaque terroriste vise à compromettre le processus démocratique pionnier en Tunisie», a affirmé le secrétaire général de la Ligue arabe, soulignant que «la sagesse des dirigeants de la Tunisie et la détermination de son peuple aideront ce pays à faire face au terrorisme et à préserver les acquis de la Révolution tunisienne». Le secrétaire général de la Ligue arabe a réaffirmé le soutien de l'organisation panarabe aux président, gouvernement et peuple tunisiens dans leur lutte contre l'extrémisme et le terrorisme. François Hollande: «La France est solidaire» Le président français François Hollande a témoigné de la «solidarité de la France» avec la Tunisie, lors d'une brève conversation téléphonique avec son homologue tunisien Béji Caïd Essebsi, après l'attaque sanglante perpétrée hier contre le musée du Bardo à Tunis, a annoncé l'Elysée. «Le président a parlé à l'instant au président tunisien pour lui témoigner de la solidarité de la France avec lui-même et le peuple tunisien dans ce moment très grave», a-t-on déclaré de même source. Pour sa part, le Premier ministre français, Manuel Valls, a condamné «avec la plus grande fermeté» l'attaque contre le musée du Bardo à Tunis. Ban Ki-moon: «Un acte lamentable» Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné hier l'attentat perpétré contre le musée du Bardo à Tunis et a «exprimé sa solidarité» avec la Tunisie. M.Ban «condamne le plus fermement possible cette attaque» et adresse ses «plus sincères condoléances aux familles des victimes de cet acte lamentable», a déclaré le porte-parole adjoint de l'ONU Farhan Haq. Le secrétaire général «exprime aussi sa solidarité avec le peuple tunisien et les autorités tunisiennes», a-t-il ajouté. John Kerry: «Les Etats-Unis soutiennent le gouvernement tunisien» Les Etats-Unis ont condamné «avec la plus grande fermeté» l'attaque terroriste. «Les Etats-Unis condamnent avec la plus grande fermeté l'attaque terroriste meurtrière d'aujourd'hui au Musée national du Bardo à Tunis, où des hommes armés ont tué 19 personnes et en ont blessé plus de 20», écrit le secrétaire d'Etat John Kerry dans un communiqué. Transmettant ses «sincères condoléances» aux familles des victimes, le chef de la diplomatie américaine «salue la réponse rapide des autorités tunisiennes face à la violence gratuite ainsi que leurs efforts pour résoudre la crise des otages et restaurer le calme». «Les Etats-Unis continuent de soutenir le gouvernement tunisien dans ses efforts pour faire avancer une Tunisie sûre, prospère et démocratique», ajoute le ministre.