La «capacité de nuisance» de Boko Haram a été réduite «au maximum» après la prise par les forces tchado-nigériennes de Malam Fatori dans le nord-est du Nigeria, a déclaré vendredi soir le chef d'état-major de l'armée tchadienne, Brahim Seid, qui s'est rendu sur place. Reprise mardi par la coalition, cette ville était «le plus grand fief de Boko Haram au nord du Nigeria et qu'il fallait absolument détruire», a affirmé le général Seid à des journalistes qui l'avaient accompagné à Malam Fatori avec son homologue nigérien, à leur retour à la base aérienne de Diffa (Niger). Neuf soldats tchadiens et une centaine de membres de Boko Haram ont été tués mercredi à une dizaine de kilomètres de Malam Fatori, lors d'une embuscade tendue par Boko Haram, qui avait fui la ville sans combattre la veille et pris position dans les alentours, selon l'armée tchadienne. Selon le chef d'état-major tchadien, les «grandes villes (nigérianes) occupées par Boko Haram sont désormais entre les mains des forces armées régulières» du Tchad, du Niger ou du Nigeria. «La capacité de nuisance de Boko Haram est réduite, je ne dirais pas à néant mais réduite au maximum», a-t-il ajouté: «la première phase qui est la plus dure est presque finie». Mais selon le chef d'état-major de l'armée nigérienne, Seyni Garba, «ça ne veut pas dire que la menace est écartée totalement»: si Boko Haram est suffisamment «désorganisé» pour mener des «attaques massives», il continue à mener une «guerre asymétrique» à travers «des actions kamikazes et la pose de mines ou d'IED (engins explosifs improvisés)». «Il y a encore des groupuscules dans certaines localités», notamment dans les îles du lac Tchad et dans la forêt de Sambisa où certains islamistes peuvent «se cacher» et où «il faudra aussi aller les chercher», a-t-il ajouté. La deuxième phase de l'opération menée par les forces de la coalition consistera donc à faire «du ratissage» afin de «débusquer» les insurgés, selon les deux responsables militaires. Depuis leur entrée le 8 mars dans le nord-est du Nigeria, les troupes tchadiennes et nigériennes avaient fait de Malam Fatori un objectif majeur, cette ville frontalière du Niger ayant été identifiée comme le principal lieu de repli des combattants de Boko Haram après plusieurs défaites. Après la capture rapide de la ville nigériane de Damasak début mars, les militaires de la coalition sont allées d'ouest en est, sur un axe qui longe la frontière nigérienne, reprenant les localités de Gachagar, Talagam, Abadam, puis Malam Fatori. L'armée tchadienne, qui intervient de part et d'autre du lac Tchad, est également active sur un second front plus au sud, en territoire camerounais et nigérian, où elle a repris les villes de Gamboru et Dikwa. L'armée nigériane a quant à elle déclaré avoir chassé les islamistes des villes de Bama et Gwoza, près de la frontière camerounaise.