Le Palais du gouvernement Mis sous les feux impitoyables de l'actualité, ils sont déchirés chaque jour par la meute islamiste. Courage...fuyons! Cette «citation» est un concentré de ce qu'est la solidarité gouvernementale qui fait terriblement défaut dans l'actuel attelage de M.Sellal. Des ministres qui montent au front, qui croisent le fer avec de puissants lobbys idéologiques et de l'argent, mais qui se retrouvent désespérément seuls sans le soutien des autres membres du gouvernement. Ils ont la caractéristique de défendre le programme du président de la République, de diffuser des idées progressistes, mais... Au mieux, ils bénéficient du silence incommodant de leurs chers collègues et au pire, ils sont tout simplement poignardés dans le dos par ces mêmes collègues qui les enfoncent dans certaines chaînes de télévision. La première de ces «stars» du gouvernement, brusquement mise au-devant de la scène est la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. Dès son installation, elle a affiché sa volonté de revoir le contenu des programmes scolaires. Quel péché capital? Cette dame va donc remplacer l'éducation religieuse par les «humanités», faire des sciences sociales, de l'enseignement de la philosophie, des mathématiques et de la physique un rempart contre l'obscurantisme? D'où vient cette femme, sans voile, qui empêchera nos enfants d'apprendre comment faire les ablutions et laver les morts? Et la salve fatale accueille la nomination de Mme Benghebrit: «Elle est d'origine juive!», assènent les réfractaires à la modernisation de l'Ecole algérienne. Les collègues du gouvernement... observent amusés, cette croisade d'une dame seule face au rouleau compresseur des islmamo conservateurs. Que dire aussi du ministre de la Communication Hamid Grine qui à tort ou à raison, a ouvert la boîte de Pandore du monde médiatique. Ce qui allait être un vrai débat, une halte, sur la situation des médias et de la presse privée en Algérie après plus de 20 années d'existence, semble se perdre dans les méandres d'intérêts strictement personnels. Seul, sans le moindre soutien de ses collègues ministres, il apparaît comme le Don Quichotte du gouvernement. Le ministre du Commerce Amara Benyounès, passe lui aussi à la trappe islamiste. Il est pratiquement sous le coup d'une fetwa des salafistes qui l'accusent de vouloir accorder des autorisations pour la commercialisation des boissons alcoolisées. M.Benyounès qui occupe un portefeuille ministériel qui revenait depuis plus de dix ans aux islamistes, a voulu mettre de l'ordre, sortir du bazar et c'est le feu mis aux poudres. Quand bien même la religion musulmane interdit la consommation de l'alcool, cela est une affaire strictement privée. Mais ce qui est gravement préjudiciable pour le pays c'est le marché de l'informel. C'est dans l'informel de l'agroalimentaire et de l'insondable marché de la devise que les islamistes font leur beurre. Amara Benyounès vient de toucher au péché lucratif, et du coup c'est le ministre à abattre. Il n'est pas le seul. Le ministre de la Justice, Tayeb Louh fait les frais de son audace, lui qui a voulu protéger la femme. La loi sur la violence contre les femmes, a soulevé une tempête au niveau du Parlement. En juriste averti, M.Louh a répondu énergiquement aux attaques des islamistes et a défendu ardemment ce texte de loi. Il s'est est sorti vainqueur de cette bataille. Le ministre des Affaires religieuses Mohammed Aïssa, a lui aussi âprement, croisé le fer avec cette mouvance qui le place sur sa liste noire. Sûr de lui, il développe un discours d'une incroyable clarté au point de choquer même ses collègues du gouvernement rompus à la langue de bois. Mohammed Aïssa fait de l'islam ancestral et de la tolérance son cheval de bataille. Il rappelle que les Algériens «sont plus proches de l'islam de Cordoue que de celui des bédouins d'Arabie». Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, il corse son discours et affiche son intention de rouvrir les lieux de culte chrétiens et juifs fermés durant les années 1990 pour raisons de sécurité. «Je suis chargé des Affaires religieuses et non des Affaires islamiques», rappelle-t-il. Et c'est le tollé chez les islamistes qui ont tenté de manifester à cause de ces propos «osés». Silence tombal du côté du gouvernement! Mis sous les feux impitoyables de l'actualité, ces ministres sont déchirés chaque jour par la meute islamiste. Dur tribut que doivent payer ces ministres qui osent défendre des idées progressistes et qui brisent des tabous. La campagne contre eux est féroce. Tout aussi cruelle que l'est le silence de leurs collègues. A quand la trêve de cette hypocrisie gouvernementale?