Les attaques en règle contre les ministres du gouvernement Sellal ne constituent pas une exception dans la démarche des islamistes. La circulaire émanant du ministère du Commerce, portant la suppression de l'autorisation préalable pour la commercialisation de l'alcool ne fera pas l'objet d'une application immédiate. Le Premier ministère a adressé un courrier en ce sens au département de Amara Benyounès, rapporte une source gouvernementale. Celle-ci a confirmé à L'Expression que ladite circulaire ne prendra pas effet dans l'immédiat. Il est question d'en revoir la formulation, d'autant que «les alcools ne constituent pas le seul produit concerné par la décision du ministère du Commerce». La mesure, souligne notre source, «est d'ordre principalement technique. Les alcools sont certes concernés, mais il faut souligner que plusieurs autres produits le sont également». Il reste que l'instruction du ministre du Commerce a fait l'objet d'une campagne féroce de la part des islamistes qui on en fait leur cheval de bataille. La «grogne» a même été alimentée par le président du MSP, Abderrezak Makri qui ne s'est pas empêché de joindre sa voix à celles des détracteurs de la circulaire de Amara Benyounès. Le même Makri ne s'était pas indigné lorsque ses collègues au MSP, Djaâboub et Benbada, étaient en charge du département du commerce où des instructions concernant les produits spiritueux y étaient régulièrement données. Il est clair que cette «instruction» a été, pour nombre d'islamistes, l'occasion de jauger leur popularité et monter leur troupe contre un ministre qu'ils ont toujours critiqué pour ses positions «laïques» et ses propos durs à l'endroit des islamistes. Il y a lieu de rappeler que les attaques en règle contre les ministres du gouvernement Sellal ne constituent pas une exception dans la démarche des islamistes, lesquels sont déjà montés au créneau pour dénoncer les amendements apportés au Code pénal sur son volet «violences faites aux femmes». L'on se rappelle qu'au lendemain du vote de la loi à l'APN, les salafistes, rejoints ensuite par le MSP, ont conduit une véritable protesta et tenté de mettre à mal le ministre de la Justice, Tayeb Louh. L'épisode Amara Benyounès est une étape de plus dans la stratégie des islamistes qui consiste à paralyser le travail du gouvernement, en dévoyant les sentiments religieux des Algériens dans le sens de la politisation. L'objectif de la manoeuvre est de marquer sa présence au sein de la société, à défaut d'une représentation effective dans les institutions élues de la République. Des campagnes, à l'image de celles qui ont pris pour cibles Tayeb Louh et Amara Benyounès, on en verra sans doute encore dans le futur. Et des mesures prises par le gouvernement pour techniques qu'elles puissent être, seront systématiquement détournées pour leur donner des colorations anti-islamiques. Il n'est pas interdit de voir un jour le ministre du Travail ou celui des Finances faire l'objet d'attaques en règle pour une décision qui peut paraître anodine, comme celle prise par Amara Benyounès et la transformer en événement politico-médiatique de premier plan.