Ce qui intéresse, ce sont plutôt les effets des révélations de ce livre qui, il faut le souligner, constitue une première de l'autre rive. Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet, les deux auteurs français dont le livre au titre peu innocent de ParisAlger, une histoire passionnelle a été mis en vente, ce mercredi 15 avril, pour les lecteurs parisiens, ont jeté un pavé dans notre marécage politique national. Simple hasard du calendrier? Pure coïncidence? Ou bien est-ce, au contraire, l'effet d'une action bien préparée? Peu importe au fond. Ce qui intéresse, ce sont plutôt les effets des révélations de ce livre qui, il faut le souligner, constitue une première de l'autre rive. En effet, la France n'a, jusque-là, jamais ou presque, versé dans ce genre de divulgations à odeur de scandales qui pourraient desservir le système en place. Le fait qu'aujourd'hui cela soit permis est sans doute le signe que quelque chose est en train de changer. Les auteurs en question ont bien veillé à donner des détails fort précis, ce qui laisse supposer que la documentation à laquelle ils ont pu accéder est bien renseignée, pour ne pas dire officielle. C'est ainsi qu'ils ont donné les montants de certaines transactions immobilières avec une parfaite précision concernant les biens parisiens du ministre de l'Industrie et des Mines tout en prenant soin de bien noter que, rien dans son CV officiel ne permet de comprendre d'où il a pu avoir cet argent. «D'où vient cet argent?» se demandent alors les auteurs du livre qui fera certainement quelques remous ces jours-ci. Une question à laquelle le concerné, Abdessalem Bouchouareb, qu'ils disent avoir rencontré pour les besoins de leur enquête lors de l'écriture de leur livre, répond par un simple «Je n'ai rien à cacher» soutenant n'y voir aucune infraction vis-à-vis de la loi algérienne. Affirmation que nul ne pourrait accepter de la part d'un responsable à ce niveau bien entendu. Par ailleurs, les accusations portées contre l'actuel ministre de l'Industrie et des Mines, réputé proche d'un certain cercle, peut amener à poser pas mal de questions. Est-ce un hasard que ce soient les transactions immobilières de l'ex-directeur de campagne de Bouteflika qui soient dévoilées ou bien est-ce plutôt un choix volontaire? Autrement dit, est-ce l'homme, Abdessalem Bouchouareb, qu'ils ont voulu dénoncer? Est-ce la volonté de dévoiler les agissements d'une certaine catégorie de responsables? Ou bien alors est-ce la volonté de nuire à une partie donnée du pouvoir? En réalité, l'actuel ministre de l'Industrie et des Mines est à l'intersection d'au moins quatre raisons qui, ensemble ou séparément, pourraient expliquer le fait que son nom figure dans ce livre. Tout d'abord, il a été le directeur de campagne de Bouteflika et, de ce fait, son attaque peut ressembler à une attaque par ricochet d'un cercle qu'on dit proche du président. Le fait que d'autres hauts responsables réputés du même cercle soient cités dans ce livre n'est pas étonnant et ne peut qu'étayer cette hypothèse. Ensuite, il est à la tête d'un secteur très lourd pour l'avenir du pays. De ce point de vue, on pourrait se demander si l'attaquer, la veille d'un remaniement qu'on dit parfois imminent, ne constitue pas une manoeuvre pour l'empêcher d'être reconduit au même ministère. La troisième raison c'est qu'il fait partie de ceux dont le nom est trop collé au pouvoir et depuis longtemps. Par ailleurs, et c'est là la quatrième raison, il semble avoir fait quelques mécontents depuis qu'il est au ministère de l'Industrie et des Mines. A ce propos, le fait qu'il ait décidé d'annuler, selon certains titres de la presse, le nouveau cahier des charges des concessionnaires de véhicules, a-t-il quelque chose à avoir avec ce qui semble une attaque en règle? En tout cas, chacun de ces éléments est une raison suffisante pour qu'il soit une cible de choix. Qui l'eut cru? Quelque chose est réellement en train de changer là-haut. Les perceptions diffèrent, les réactions ne sont plus les mêmes et la manière d'opérer a changé.