Les révélations du journaliste français Nicolas Beau, mettant en cause des dignitaires du régime algérien, se suivent et s'élargissent à d'autres noms qui possèdent des biens immobiliers dans les quartiers chics parisiens. Après l'inénarrable Amar Saadani, le site Mondafrique évoque les noms de Abdessalem Bouchouareb, fraîchement désigné ministre de l'Industrie et des Mines, et de l'ancien détenteur de ce même portefeuille, Cherif Rahmani. Visiblement, pour Abdessalem Bouchouareb, les scabreuses affaires n'en finissent pas. Abdessalem Bouchouareb, député et ancien bras droit d'Ahmed Ouyahia au RND avant d'être promu ministre à la faveur du remaniement ministériel d'avant-hier, est déjà mis en cause dans le scandale de l'affaire Khalifa. Sa proximité avec le pouvoir central lui a évité un procès. Son dossier sommeille dans les tiroirs de la Cour suprême. «Certes, Amar Saadani est loin d'être le seul dignitaire algérien à posséder des biens immobiliers en France. Ainsi le ministre de l'Industrie et des Mines du tout nouveau gouvernement, Abdessalem Bouchouareb, possède un superbe appartement au cœur de Paris, quai Montebello, face à la Seine et à Notre-Dame. Le mardi 6 mai, les services du cadastre de la ville de Paris ont confirmé à Mondafrique que Abdessalem Bouchouareb possédait un tel bien. Il faudra qu'il explique dans quelles conditions il a pu s'en rendre propriétaire», a dévoilé Nicolas Beau, hier, sur son journal électronique Mondafrique. Selon ce dernier, l'ancien ministre de l'Industrie, Cherif Rahmani, possède «trois pied-à-terre dans les quartiers chics de Paris, d'après une enquête qui avait été menée par Le Canard Enchaîné sans être démentie». «Paris est devenu un village algérien», ironise Nicolas Beau. Par ailleurs, si le journaliste d'investigation Nicolas Beau admet l'absence d'éléments tangibles prouvant la détention par l'actuel secrétaire général du FLN d'un montant de 300 millions d'euros, il s'interroge par contre sur le financement des affaires dont Saadani est détenteur. «Comment le patron du FLN peut-il contester posséder quelques fonds bancaires à Paris ? Par quel miracle aurait-il, sans compte en banque, acheté au moins un appartement à Neuilly-sur-Seine, financé les études de ses enfants en France et en Angleterre et réglé les frais d'un grand cabinet d'avocats parisien ?» s'interroge Nicolas Beau. Et d'ajouter : «Si pour régler de telles dépenses, Amar Saadani ne possède effectivement pas de compte bancaire en France, cela signifierait qu'il utilise des valises de billets. Ce que nous ne pouvons imaginer…» Dans son investigation, le journaliste français lève le voile sur les proximités douteuses entre dignitaires du régime d'Alger et de Paris. Toujours selon son article, il révèle que le concessionnaire de Sovac, Mourad Oulmi, avait acheté, en 2007, l'appartement de Nicolas Sarkozy, situé sur l'île de la Jatte. En somme, les révélations en cascade de Nicolas Beau confirment l'idée répandue en Algérie selon laquelle les responsables algériens au «patriotisme en bandoulière» sont au mieux des propriétaires de résidences, au pire des résidents à Paris. «Quand les responsables algériens vont à Paris, ils rentrent chez eux.» Le sociologue Nacer Djabi n'a pas tout à fait tort.