ILs espèrent aussi le retrait pur et simple du projet de loi contre la violence faite aux femmes. Ils jubilent mais pas encore satisfaits. Les islamistes veulent aller plus loin. Sollicités par L'Expression sur l'annulation de la fameuse instruction de Benyounès qui mettait fin à la demande d'autorisation préalable pour exercer l'activité de commerce de gros des boissons alcoolisées, le MSP, Ennahda, et Al Adala réagissent. Ils considèrent que cette instruction et d'autre projets de loi sont dictés par des officines étrangères, exigeant «carrément la criminalisation de la consommation et de la vente des boissons alcoolisées, à l'image de ce qui est réservé à la consommation du cannabis et les drogues dures». Contacté hier, le chargé des affaires politiques du MSP, Farouk Tifour, indique que son parti «prend acte de l'annulation de cette instruction». Et selon lui, «cela démontre l'incohérence et l'inexistence de la coordination et la consultation entre les membres du gouvernement». Cette situation de désordre est due, d'après notre interlocuteur, «à la rareté, voire l'absence totale des réunions du Conseil des ministres». Les acteurs et partis islamistes se réjouissent de cette bataille d'arrière-garde remportée contre la modernisation de la société. Le branle-bas de combat idéologique de ces derniers relayés par leurs soutiens médiatiques a réussi à humilier l'Exécutif. Les Algériens sont-ils libres d'être croyants ou non croyants? Tout en reconnaissant à demi-mot ce choix ou cette liberté de conscience aux citoyens, les islamistes, toutes catégories confondues, mènent une guerre farouche contre tout ce qui pourrait assécher leurs fiefs. Sentant le rapport de force en leur faveur, les islamistes, non satisfaits du gel de l'instruction par Abdelmalek Sellal, ne s'arrêtent pas là. Quant au projet de loi protégeant les femmes contre les violences de leur conjoint, et préserver leurs ressources financières des convoitises de celui-ci, perçu du reste comme le chef de famille dans la conception islamiste de la société, il vise selon ce responsable du MSP, «l'effritement de la famille algérienne». Dans ce contexte, le MSP a demandé «l'annulation de tous les articles relatifs à la protection de la femme et même le retrait définitif de ce projet sous prétexte que ce texte de loi doit faire l'objet de débat au Parlement dans un cadre proprement algérien», indique-t-il encore. Le secrétaire général du parti Ennahda, Mohamed Douibi, a de son côté vivement dénoncé les amendements du Code pénal en les qualifiant d'intrusion contraire aux valeurs de la société et de l'islam. Le gel de l'instruction relative à la libre commercialisation de l'alcool «est un point positif pour nous», a-t-il commenté. «La libéralisation de la vente des boissons alcoolisées n'est pas la priorité du la société algérienne qui souffre de la crise du logement et du chômage», a-t-il justifié, en affirmant que «leur montée au créneau contre cette instruction a été commandée par la société pas essentiellement par les partis islamistes». Le chef d'Ennahda relève même une «contradiction» dans l'attitude du gouvernement. «D'une part, le gouvernement veut soi-disant protéger la femme contre la violence, de l'autre, il veut libérer la vente de l'alcool, source de violence contre la femme», croit-il savoir. A l'instar de ceux du MSP, «les députés d'Ennahda ont exigé le retrait pur et simple du projet de loi contre la violence faite aux femmes», a-t-il souligné. En outre, il décèle à travers ces projets de loi proposés par l'Exécutif une «manoeuvre contre l'opposition» et «la concession du gouvernement devant des pressions exercées par les ONG, les associations et des lobbys contre l'Algérie». Au yeux de Mohamed Douibi, «la législation pour la protection de la femme doit être intégrée dans le cadre du débat sur le Code de la famille». De son côté, le président du groupe parlementaire du parti Al Adala de Djaballah, est également sur la même longueur d'onde.