La représentante du gouvernement a avoué qu'elle possédait une petite entreprise qu'elle a cédée juste après sa nomination. «Je vous défie de me ramener des preuves sur ce que vous avez dit», a clamé haut et fort hier la ministre de la Culture devant les députés. Nadia Labidi, accablée par les accusations des députés, en particulier ceux du PT sur la gestion de la manifestation Constantine capitale 2015 de la culture arabe, défend son action. Devant les caméras de la télé, la ministre a invité les parlementaires à ouvrir une enquête pour mettre la lumière sur les dépassements dans son secteur. «Je réitère ma demande au président de l'APN de déléguer une commission parlementaire pour enquêter sur la gestion des fonds au niveau du secteur», a interpellé Mme Labidi, le visage blême. Sûre d'elle, l'hôte des députés a affirmé qu'elle n'avait rien à craindre et que tout était inscrit noir sur blanc au niveau de son département. Faisant preuve d'honnêteté, elle s'est engagée à mettre à la disposition des députés tous les documents en vue de leur faciliter la tâche. «Je suis pour la transparence et il est de votre droit de veiller à la gestion de l'argent public», a-t-elle déclaré à l'adresse des députés. «Il faut qu'il y ait une traçabilité dans les budgets et c'est tout ce que nous demandons», a-t-elle indiqué avant d'ajouter: «Je ne peux pas être contre la chose.» Toujours sur les accusations de détournements de fonds que lui reproche le PT, la ministre soutient: «Je suis universitaire et ministre de la République je ne peux pas faire des choses en dehors de la loi de la République et qui ne vont pas honorer la mémoire de nos martyrs.» La ministre a rappelé que sa mission est de servir le citoyen et que le poste de ministre est une responsabilité. La représentante du gouvernement a avoué qu'elle possédait une petite entreprise qu'elle a cédée juste après sa nomination à la tête du secteur. «Il ne s'agit pas d'une grande entreprise», comme prétendent certains, en faisant référence aux élus du PT qui ont été les premiers à dénoncer les dépassements de la gestion du festival en citant l'entreprise Procom International détenue par le conjoint de la ministre et qui a bénéficié de marchés en milliards de dinars. Défendant sa peau, la ministre a certifié que le budget de son secteur n'est pas vraiment important et il profite aux artistes. Mme Labidi a par ailleurs assuré qu'elle n'a rien contre Louisa Hanoune ou l'ex-ministre de la Culture, Khalida Toumi. «Je n'ai pas de problème avec Hanoune et Toumi», a-t-elle insisté. Cependant, la ministre dit qu'elle ne permet à personne de porter atteinte à sa dignité. «Je suis rentrée propre et je veux sortir propre, je n'accepte pas qu'on porte atteinte à ma réputation», a-t-elle soutenu en précisant que sa réputation et sa dignité sont son capital. La ministre a reproché aux députés la manière avec laquelle ils l'ont chargée d'accusations. «On ne s'attaque pas à un ministre de la République de cette manière», a-t-elle soutenu en rappelant que même dans la politique, il y a des moeurs qu'il faut respecter. Mme Labidi dément avoir utilisé un langage menaçant à l'égard de la secrétaire générale du Parti des travailleurs. «Dans la lettre, j'ai demandé des explications», a-t-elle affirmé en guise de justification. Or, la polémique entre Louisa Hanoune et la ministre ne va pas s'arrêter là. Les propos de la ministre n'ont pas tempéré la colère des députés des travailleurs. «Elle a esquivé la réponse sur les 15 affaires que nous avons citées», a affirmé juste après Youcef Taâzibt. Interrogé sur la réponse de la ministre, ce député estime que cette dernière reconnaît qu'elle possède une petite entreprise mais qui brasse des milliards. Le Parti des travailleurs compte aller jusqu'au bout dans son bras de fer. Soit elle démissionne, soit elle est démise», a déclaré Taâzibt avant de conclure.