«Je rends un grand hommage aux journalistes décédés pour que la presse algérienne soit là où elle est aujourd'hui» A l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des journalistes assassinés. La place de la Liberté de la presse n'a pas vu une grande affluence mais une ambiance plutôt festive y régnait. Des chants patriotiques agrémentaient l'atmosphère. Ponctuel, il arrive à 09h00 passées. Il s'agit de Hamid Grine, ex-journaliste sportif qui a gravi les marches jusqu'à devenir ministre, venu célébrer avec ses ex-confrères la Journée mondiale de la liberté de la presse. Accueilli par une délégation conduite par le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh et une foule de journalistes, il s'est permis quelques sourires timides avant d'accéder au niveau de la stèle commémorative et déposer une gerbe de fleurs à la mémoire des journalistes algériens assassinés. Leurs appareils perchés sur les épaules et leurs plumes brandies, les caméramans, photographes et journalistes se ruèrent ensuite vers lui pour arracher des déclarations et autres poses significatives de quelque message. «Tout d'abord, je rends un grand hommage aux journalistes décédés pour que la presse algérienne soit là où elle est aujourd'hui», a-t-il lâché. Mais, non content de cette déclaration jugée banale eu égard aux différents problèmes traversant le monde de la presse, les journalistes multiplièrent les questions. «Vous parlez tout le temps d'éthique et le professionnalisme doit être de mise au sein de la communauté des journalistes algériens. Voulez-vous dire que les journalistes algériens ne sont pas professionnels?» interroge-t-on. «Non, répliqua le ministre. Il existe beaucoup de journalistes professionnels en Algérie, mais ce n'est pas en s'attaquant à des personnes que l'on rendra ses lettres de noblesse au journalisme algérien». Qu'en est-il de la carte de presse qui a fait couler beaucoup d'encre? A quoi peut-elle servir dans le contexte actuel? «La carte professionnelle de journaliste est très importante. Ce n'est pas un simple document car elle permet aux journalistes de se déplacer en toute liberté sur le territoire national et surtout, d'accéder aux sources d'informations.» Sur ces entrefaites, un échange plutôt tendu s'enclenche avec les journalistes. «Mais beaucoup de responsables refusent de nous livrer des informations!» objectent ces derniers. Sans tressaillir, sûr de lui-même, Hamid Grine se défend: «Les responsables qui ne donnent pas d'informations ne font pas dans la rétention de celles-ci mais attendent juste l'aval de leur hiérarchie.» Se faufilant par la suite au milieu de la foule des journalistes et des cadres accompagnant le wali d'Alger, le ministre de la Communication, visiblement pressé, se permit un bref appel à l'adresse des directeurs de publication qu'il exhorte à «offrir un salaire digne à leurs journalistes» parce que, a-t-il expliqué, «sans dignité, sans conditions de travail acceptables, le journaliste ne peut être ni libre, ni professionnel». A peine ces mots prononcés d'un ton catégorique, Hamid Grine reprit son chemin vers le ravin de la Femme sauvage, siège du ministère de la Communication, où d'autres obligations l'attendaient.