La langue amazighe a besoin d'enseignants Le caractère facultatif de l'enseignement de tamazight doit, selon un participant, devenir obligatoire au même titre que toutes les autres matières enseignées. Des enseignants, des étudiants et des diplômés en langue amazighe se sont rassemblés hier, devant le siège de la direction de l'éducation pour protester contre le peu de considération accordée à la langue amazighe et son enseignement. La colère qui couvait déjà depuis quelques années a débordé, ces jours-ci, sur une manifestation de rue, qui trouve sa raison d'être dans le quota de postes budgétaires de l'enseignement de tamazighth attribué cette année à la wilaya de Béjaïa dans la cadre du programme de recrutement lancé par le ministère de tutelle. Pour le faire savoir, des centaines de citoyens, militants amazighs, enseignants et travailleurs, syndicats, associations, étudiants ont protesté hier devant le siège de la direction de l'éducation. Ce rassemblement de protestation a été appuyé par une grève générale aussi bien, dans les établissements scolaires qu'au niveau du département de la langue et culture amazighes à l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, dont les étudiants de la faculté ont rejoint le rassemblement à travers une marche initiée du campus de Targa Ouzemour jusqu'au siège de la direction de l'éducation de Béjaïa. Il s'agit pour les protestataires d'exiger «la généralisation pédagogique et géographique de l'enseignement de tamazight à l'école, partout et pour tous, du préscolaire à l'université, une dotation spécifique et conséquente en postes budgétaires». Les protestataires ont estimé que «la récente ouverture de 15 postes budgétaires n'est constituée en réalité que de promotions des postes existants déjà». «La déception est grande», ont-ils souligné. Les chefs de file du mouvement, Djamel Ikhoulef et Yacine Zidane ont exigé «un volume horaire de 3 heures par semaine pour tamazight et un coefficient 3 au lieu de 2» et ont dénoncé le «discours négatif développé par des directeurs d'établissements et quelques responsables à la DE au sujet de la demande sociale de l'apprentissage de tamazight, qui, selon eux, est «en déphasage avec la réalité». Le déficit au primaire est évalué par un inspecteur à plus de 225 enseignants. La «généralisation de tamazight à l'école dans la wilaya de Béjaïa nécessite le recrutement de 872 enseignants», a-t-on estimé. La tutelle a été interpellée aussi quant au règlement du problème de la logistique et le manque d'infrastructures, car ceux-ci handicapent l'enseignement de tamazight», ont soutenu les enseignants frondeurs, dont une délégation a été reçue par les responsables de la direction de l'éducation locale, qui ont promis de transmettre leurs doléances à qui de droit, a savoir la ministre de l'Education nationale. «Nous ressentons tout le poids sur nos épaules», affirment ces enseignants. «L'enseignement de la langue n'est devenu effectif, qu'après tant de sacrifices. Des hommes et des femmes ont donné leur vie pour que je me retrouve, aujourd'hui, moi et des centaines d'autres à faire de notre profession une cause et un idéal!», conclut Djamal Ikhloufi en quittant le lieu du rassemblement. A Bouira, la décision du ministère de l'Education nationale de ne réserver que 14 postes budgétaires à l'enseignement de tamazight n'a pas été du goût de toutes les personnes concernées par cet enseignement. Plus précisément, les étudiants inscrits au département des langues de l'université Akli-Mohand Oulhadj qui voient dans cette décision une autre étape dans le travail de sape mené contre cette langue nationale et le manque d'une quelconque volonté pour promouvoir son enseignement. Voulant exprimer leur refus, ces étudiants et autres membres de la société civile activant pour l'officialisation de tamazigh, ont battu le pavé hier à travers les artères de la ville de Bouira. La marche qui a débuté depuis l'université a conduit ses participants jusqu'au siège de la direction de l'éducation, en passant par le siège de la wilaya. Tout au long du parcours, les manifestants ont scandé des slogans à la gloire de la langue et de l'identité nationale amazighes. Comme à chaque événement attractif, des éléments à la recherche d'une tribune pour faire dans la récupération, des éléments qui selon certains seraient affiliés au MAK, ont tenté de détourner l'action au profit d'un tout autre objectif. Ces éléments ont proféré des slogans hostiles au pouvoir dans sa globalité. A midi, la procession est arrivée devant le siège de la direction de l'éducation, où les organisateurs ont clairement affirmé leur rejet du nombre de postes qui, selon eux, ne peut pas couvrir une commune de la wilaya. L'autre point rejeté reste le caractère facultatif de l'enseignement de tamazight qui doit, selon un participant, devenir obligatoire au même titre que toutes les autres matières enseignées.