L'OAS était le précurseur du terrorisme Le terrorisme a fait du chemin et au passage, des dégâts humains et matériels incommensurables. Il en est à sa cinquième génération. C'est ce qui ressort, entre autres, des travaux de la 20e réunion du groupe africain de l'Union internationale des magistrats, organisée à l'hôtel Sofitel à Alger, sur le terrorisme et les droits de l'homme. Dans son intervention, le Dr Sahel Makhlouf, professeur universitaire, a soutenu que l'évolution du terrorisme a connu cinq générations principales qui démarrent des attentats organisés par des organisations extrémistes, à l'image de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) en Algérie en passant par les mouvements de gauche qui ont utilisé la violence, la Guerre froide pour arriver aux organisations terroristes appelées «Al Qaîda» et «Daesh». «Daesh» ou l'EI qu'il convient d'appeler Organisation terroriste internationale. En fait, selon cet universitaire, «Daesh est une société multinationale du terrorisme la plus dangereuse de toutes, car elle constitue une menace directe sur la paix et sur la sécurité dans l'ensemble des régions du monde». Le Dr Sahel a affirmé que «l'éradication des sources intellectuelles, morales et idéologiques est l'un des obstacles fondamentaux de la lutte antiterroriste». Selon le même orateur, «l'absence de définition conceptuelle et épistémologique commune de la menace terroriste ou du terme de terrorisme, de la possibilité d'incriminer le versement des rançons, constituent également les principaux obstacles freinant la lutte contre le terrorisme». Le conférencier a ajouté que «jusqu'ici, la lutte implacable contre le terrorisme pour les besoins de la sécurité des nations s'est focalisée beaucoup plus sur l'aspect géostratégique sans se soucier de la problématique d'équilibre entre le volet sécuritaire et l'aspect relatif aux droits de l'homme», indique-t-il. Dans sa communication intitulée: «Problématique de la lutte antiterroriste et respect des droits de l'homme», M.Sahel a estimé que la vision de l'Algérie, préconisant une lutte globale et multidimensionnelle du terrorisme, devrait constituer une «source d'inspiration» dans la mise en place de cette stratégie internationale. La lutte contre ce fléau transnational «nécessite un renforcement des cadres juridiques tant au niveau national qu'international, et l'établissement de la relation entre le terrorisme et ses sources de financement», a-t-il expliqué. La stratégie internationale de lutte antiterroriste «doit également permettre d'arriver enfin à une définition commune et universelle du terrorisme», ont précisé des intervenants. Cette stratégie «doit également permettre de légiférer sur l'incrimination du payement des rançons pour la récupération des otages enlevés par les groupes terroristes, dans le but de parvenir à un tarissement des ressources financières de ces derniers», a-t-on encore souligné lors de cette rencontre. De son côté, le secrétaire général de l'Union internationale des magistrats, Giacomo Oberto, a évoqué les cas d'extraditions où toute une série d'accords ont été modifiés ou intégrés par la convention du Conseil européen de 2005, tout en insistant sur les besoins de renforcer la lutte contre le terrorisme. Le plus intéressant est qu'aucune demande d'extradition pour une infraction terroriste ne peut être refusée au seul motif qu'elle concerne une infraction inspirée par des mobiles politiques ou commerciaux. Ce qui est encore plus intéressant, «dans le cas où un Etat refuserait d'effectuer une extradition, il doit s'engager à poursuivre le criminel sur son propre sol», a-t-il affirmé. Des nouveautés récentes en la matière ont été enregistrées au sein du Conseil européen et des comités qui s'occupent de la lutte antiterroriste. Les choses se sont accélérées dans ce domaine de la lutte antiterroriste suite aux attentats commis contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo à Paris en janvier dernier. Outre l'incitation par le Conseil des ministres du Conseil de l'Europe, des 12 sur les 35 pays à parapher la convention de 2005, un travail d'un comité d'experts du Conseil européen a donné lieu à la mise sur pied d'un autre comité de combattants étrangers. Cela a débouché sur un protocole additionnel qui a confié au comité externe composé d'experts l'examen de la criminalisation de celui qui se fait recruter pour terrorisme, recevoir une entraînement dans le but de préparer et de commettre des actes terroristes, collecter des fonds destinés à prendre en charge le voyage ou l'entraînement des terroristes et éventuellement organiser et faciliter ces voyages.