Nous commençons le travail juste après le shour pour gagner du temps Beaucoup mettent le comportement agressif quelquefois du jeûneur sur le compte de la soif, de la cigarette pour les fumeurs, de la nourriture. Le Ramadhan est le mois de l'abstinence, de la privation pendant le jour, mais aussi le mois de l'abondance et des excès le soir. Le jeûneur se prive de manger et de boire pendant plus de 15 heures. Ce sacrifice a des conséquences sur le rendement au travail, le comportement envers les semblables et peut quelquefois être la cause de graves accidents. Pour tenter de cerner le phénomène, nous nous sommes entretenus avec M.Sifouane Amrane, P-DG d'une entreprise Ergozots qui emploie plus de 1000 employés. L'entreprise spécialisée dans la construction a à son actif plusieurs réalisations à travers le territoire national. Elle collabore avec plusieurs groupes étrangers. A Bouira l'entreprise réalise l'immense siège de la justice, le nouveau siège de la wilaya, les blocs opératoires de l'EPH Boudiaf. Elle a bâti aussi l'actuelle gare routière, des blocs pédagogiques et une cité pour étudiantes au nouveau pôle universitaire. «Le travail sur chantier est pénible. En plus du soleil, de l'effort excessif, l'ouvrier est confronté à l'accumulation de plusieurs facteurs dus essentiellement à son manque de nutrition mais aussi et surtout au manque de sommeil. Beaucoup mettent le comportement agressif quelquefois du jeûneur sur le compte de la soif, de la cigarette pour les fumeurs, de la nourriture. La raison à l'origine des perturbations chez l'homme reste le sommeil», nous confie d'emblée M. Amrane. Voulant encore plus de précisions il nous affirme: «La caractéristique du Ramadhan de cette année est: des nuits très courtes et des journées très longues. Nous commençons le travail juste après le shour pour gagner du temps, mais en réalité nous ne gagnons rien puisque dès l'apparition du soleil, le travail devient pénible.» Les pertes et le manque à gagner sont multiples selon notre interlocuteur. «Les clauses contractuelles ne prennent pas en compte le mois de Ramadhan qui est considéré comme les autres mois. Le rythme de travail est naturellement réduit. Les accidents sont les plus fréquents. «Notre entreprise recourt quelquefois à la mise en congé obligatoire de plusieurs de ses employés pendant le mois de Ramadhan. Les raisons sont évidentes. La fatigue, le jeûne, sont dans certains cas à l'origine de graves accidents. Les incidences sur la trésorerie de l'entreprise sont importantes.» En guise de solution, le patron de l'entreprise préconise plusieurs propositions. «Les pouvoirs publics doivent établir des exceptions et prendre en compte ce mois sacré surtout que cette année et l'année prochaine il coupera en deux la saison estivale. Le travail nocturne reste une solution mais il n'est possible que dans certains lieux, mais pas dans d'autres.» L'entreprise est victime doublement en ce mois de Ramadhan. Même quand le travail avance, les bâtisseurs sont confrontés au phénomène d'absentéisme qui nuit à l'administration. La régularisation des situations, les visites sur chantier, les opérations de dotation en matériaux, le ciment particulièrement... pénalisent davantage les entrepreneurs. Parce que le mois de Ramadhan est celui de l'abstinence, de la croyance, de l'entraide, ces entreprises sont sollicitées de partout pour aider. «Nous le faisons d'abord avec nos ouvriers. Nous attendons un retour. Actuellement, nous supportons seuls les aléas de ce mois avec des rendements minimums pour des dépenses et une masse salariale importantes; notre confiance est totale en nos responsables» conclura M.Sifouane Amrane, P-DG du groupe Ergozots.