Les effets du manque de nicotine, caféine, théine sur l'organisme pendant le jeûne sont considérables. L'accoutumance à la nicotine est double : elle est mécanique et chimique. Le fait de prendre le paquet de cigarette et le briquet de sa poche ensuite allumer sa cigarette est une gestuelle que tout fumeur possède, c'est l'accoutumance mécanique. Le manque de nicotine pousse le fumeur à faire des gestes comme par exemple chercher son paquet de cigarettes dans la poche sans le trouver, on le verra en train de «tapoter» ses poches à la recherche de ce fameux paquet de cigarettes. La première «djebda» c'est l'effet chimique, lorsque la nicotine arrive en quelques secondes au niveau des cellules cérébrales et déclenchera un effet euphorique. Il existe aussi une dépendance psychique et comportementale liée aux habitudes. Elle est importante à prendre en compte car un fumeur prend l'habitude de fumer une cigarette dans certaines circonstances (en attendant un entretien par exemple), installant de véritables rites dans sa vie quotidienne. Le Ramadhan oblige le fumeur à chercher d'autres rythmes, à réapprendre à vivre sans tabac. Le jeûne est une abstinence de nourriture, d'eau et même de cigarette pendant plus de 14 heures en été, d'ailleurs les fumeurs sont d'accord pour dire que ce n'est pas le manque de nourriture et d'eau qui les dérangent lorsqu'ils font Ramadhan c'est surtout le manque de cigarette. La nicotine modifie la composition chimique et biologique du cerveau en entraînant une dépendance. L'organisme humain s'habitue à la nicotine dont l'effet s'atténue avec le temps, elle atteint le cerveau 10 secondes après l'inhalation de la première cigarette, elle cause plusieurs réactions physiologiques : augmentation aigue du rythme cardiaque et de la tension artérielle, constriction des vaisseaux sanguins et chute de la température des mains et des pieds. Les niveaux de dépendance varient d'une personne à une autre, mais 80% des fumeurs fument environ une cigarette toutes les unes ou deux heures dans la journée, c'est ce qui explique ces manifestations physiologiques constatées lorsqu'il y a un manque de nicotine appelé «syndrome de manque». Le syndrome de manque est la conséquence de la baisse brutale de nicotine dans l'organisme au dessous d'un certain seuil auquel le fumeur est habitué : dans cette situation le cerveau, notamment ses récepteurs, vont demander leur dose de nicotine. Ceci va se manifester par une nervosité, une colère, une agressivité, une agitation et une impossibilité de se concentrer. Ces manifestations sont d'autant plus importantes au début du Ramadhan, c'est-à-dire les premiers jours, puis diminuent rapidement vers la quinzaine pour disparaître en quelques semaines. Il faut savoir que le «jeûneur» est frappé d'une pulsion de fumer sans pouvoir le faire, ce qui le rend encore plus nerveux et plus colérique à raison que la journée passe. Qui de nous n'a pas assisté à des bagarres de rue, dans des marchés, à partir de l'après-midi à chaque mois de Ramadhan ? Qui de nous n'a pas entendu l'histoire de ce fumeur qui rentre dans la cuisine pour changer complètement le menu qu'avait concocté son épouse, et cela deux heures avant le ftour. Ces mêmes personnes deviennent les plus gentilles du monde à l'heure du ftour ; à peine leur chorba terminée, la première bouffée de cigarette les rend les plus heureux du monde ; d'ailleurs ils ont même inventé cette fameuse phrase : «Kahoua ou garro khir men saltan fi darou» (un café et une cigarette font mieux qu'un roi dans son château). Cet effet euphorique est dû à l'arrivée de la nicotine au niveau du cerveau 10 secondes après l'inhalation de la première bouffée de cigarette, elle donne une réaction physiologique de pseudo-satisfaction, de bien-être et de sensation d'équilibre ; néanmoins, après avoir rendu le fumeur heureux, la nicotione l'empêchera de bien manger.Après plus de 14 heures de jeûne, l'estomac s'est contracté, et au lieu de recevoir un bol alimentaire dont l'organisme a besoin pour retrouver toutes ses forces et son énergie, il va recevoir une dose de nicotine nocive. Les spécialistes conseillent les fumeurs de profiter des bienfaits du Ramadhan pour arrêter de fumer ; malheureusement ces derniers ne connaissent pas les avantages qu'on a losqu'on arrête de fumer et qui sont les suivants : En moins de 8 heures le niveau de monoxyde de carbone dans le corps diminue et l'oxygène retrouve un niveau normal ; Après deux jours seulement, le risque de crise cardiaque commence à baisser ; En moins de 48 heures, le sens du goût et de l'odorat s'améliore ; Après 3 jours, la capacité pulmonaire s'accroit et rend la respiration plus facile ; Après la première année, le risque de crise cardiaque est réduit de moitié ; En dix ans le risque de mourir du cancer du poumon est réduit de moitié. Cesser de fumer est la meilleure chose que les fumeurs puissent faire pour améliorer leur vie et leur santé ; les spécialistes s'accordent à dire que les anciens fumeurs vivent plus longtemps que les personnes qui continuent à fumer, et les gens qui n'ont jamais fumé vivront plus longtemps que les anciens fumeurs et surtout les fumeurs. Le Ramadhan est une occasion pour arrêter de fumer et d'arrêter de prendre du café, les excitants et même les calmants et sédatifs. Lorsque nous jeûnons, nous mettons notre corps au repos, il n'y a plus d'effort digestif, sécrétoire ou nerveux, l'organisme économise beaucoup d'énergie. Elle sera utilisée pour les réfections tissulaires ou les purifications, c'est-à-dire élimination de toutes les cellules lésées et âgées, élimination des graisses superflues dues à une alimentation excessive, élimination de toxines dues au stress et en fin élimination de polluants chimiques dus surtout aux boissons gazeuses. Parallèlement, lorsque nous jeûnons, nous assistons à une augmentation des défenses immunitaires qui est synonyme de résistance aux maladies. La peau devient plus souple, la vision plus nette et claire. La tension artérielle sera régulée et le mauvais cholestérol sera éliminé. C'est pour cela qu'il faut préparer son corps et son esprit pour rentrer dans le jeûne quelques jours avant l'arrivée du mois sacré du Ramadhan, en diminuant progressivement les aliments, notamment la viande, le poulet, les œufs et les produits laitiers. Sans oublier les excitants et le tabac, et cela en les remplaçants par des fruits et des légumes et surtout l'eau minérale. Une fois qu'on a commencé le Ramadhan, il est impératif d'éviter de prendre n'importe quoi en mélangeant sucré et salé en grande quantité, parce que l'organisme ne saura gérer cette «boulimie» pendant un mois, chaque jour, après une abstinence de plus de 14 heures, suivie de 4 heures de nourriture abondante, car la santé est notre capital. B. A.-K.