Le chef de la diplomatie française Le ministre français a également annoncé la visite en septembre d'une délégation économique et commerciale française accompagnée du ministre de l'Agriculture et d'un secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a souhaité hier à Téhéran une nouvelle relation avec l'Iran marquée par «le respect et la relance», deux semaines après la conclusion de l'accord nucléaire entre ce pays et les grandes puissances. Pour attester de cette nouvelle page des relations franco-iraniennes, M.Fabius, premier chef de la diplomatie française à se rendre en Iran en 12 ans, a transmis au président iranien Hassan Rohani une invitation en France en novembre. «Je suis porteur d'une invitation de la part du président de la République française au président iranien à se rendre en France, s'il le veut bien, au mois de novembre», a déclaré M.Fabius lors d'une conférence de presse commune avec son homologue iranien Mohamad Javad Zarif. Après de premiers entretiens avec M.Zarif et avant de rencontrer le président Rohani et plusieurs ministres, M.Fabius, a expliqué pourquoi «les choses vont pouvoir changer». «Si j'avais à résumer en deux termes le sens et l'état d'esprit dans lequel j'accomplis cette visite, je dirais le respect et la relance», a-t-il dit. «Nous sommes deux grands pays indépendants, la France respecte l'Iran, sa culture, son rôle dans l'histoire (...) et ses souffrances, je pense aux souffrances qui ont été éprouvées pendant la guerre Iran-Irak», entre 1980 et 1988, a ajouté M.Fabius. Mohammad Javad Zarif, confirmant la relance d'un «dialogue politique au niveau ministériel» entre les deux pays, a indiqué qu'il porterait notamment sur «la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue». Le chef de la diplomatie iranienne a souligné qu'après l'accord nucléaire de Vienne, Paris et Téhéran allait «amorcer un nouveau chapitre dans le sens de l'intérêt commun». M. Fabius a également évoqué le «respect que nous devons les uns et les autres aux engagements pris» lors de l'accord nucléaire du 14 juillet entre l'Iran et les grandes puissances (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Chine, Russie et Allemagne). Cet accord vise à limiter au nucléaire civil le programme iranien en échange de la levée progressive et réversible des sanctions internationales imposées depuis 2006 à son économie. Depuis sa conclusion, plusieurs responsables étrangers se sont rendus à Téhéran. M.Fabius a ainsi été précédé mardi par le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. La position de la France lors des intenses négociations qui ont mené à l'accord avait été critiquée et qualifiée de «dure» à Téhéran. M.Fabius a répondu mercredi à ces critiques, affirmant que la France avait eu une «attitude constante, ferme, constructive» dans le but «d'empêcher la prolifération nucléaire». «Le nucléaire n'est pas une babiole», a-t-il affirmé, il ne fallait pas «un accord au rabais», mais «robuste et incontestable». Le ministre français a également annoncé la visite en septembre d'une délégation économique et commerciale française accompagnée du ministre de l'Agriculture et d'un secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères. «Avec la nouvelle donne - la levée des sanctions - la France a l'intention, si l'Iran le veut bien, d'être davantage présente dans toute une série de domaines, politique, économique, culturel», a-t-il dit. Dans une région en proie à de multiples crises et conflits, M. Fabius a noté que l'Iran «est une puissance influente» qui partage avec la France «le même attachement à la paix et la stabilité», en dépit de «différences», en particulier sur la Syrie, le Yémen et Israël. La visite de Laurent Fabius en Iran a été précédée de vives critiques de certains milieux ultra-conservateurs qui ont dénoncé son attitude pendant les négociations nucléaires, le soutien de la France à l'Irak pendant la guerre avec l'Iran et le scandale du sang contaminé par le VIH dont des lots ont été distribués en Iran dans les années 80, faisant plusieurs centaines de victimes. Laurent Fabius, Premier ministre à l'époque, a été innocenté par la justice française en 1999. Ce qui n'a pas empêché un petit groupe de manifestants de se rendre près de l'aéroport de Téhéran où il est arrivé tôt mercredi matin pour protester contre sa venue. «Le sida, cadeau de la France à Téhéran», pouvait-on lire sur une pancarte portée par un de ces manifestants, dont certains ont été brièvement arrêtés par la police selon le site d'information Tasmin, proche des conservateurs. Mais, signe de la volonté du gouvernement iranien d'éviter tout débordement, de nombreux policiers antiémeute quadrillaient les abords de l'ambassade de France et du ministère des Affaires étrangères.