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"Algérie, mon beau pays..."
LES EMIGRES PREFÈRENT PASSER LES VACANCES AU BLED
Publié dans L'Expression le 24 - 08 - 2015

Oublier son pays natal est une mission impossible et les émigrés le savent
Ils sont certes partis vivre ailleurs, le coeur souvent meurtri car partir c'est mourir un peu. Et qui oserait dire le contraire? Mais quand il s'agit de l'été et des vacances, la majorité des Algériens vivant en France, au Canada ou aux Etats-Unis préfère l'Algérie.
Zineddine n'a pourtant que quinze ans. Il vit en famille à Lille depuis quatre ans. Et quand le mois de juin arrive, il est le premier à défendre bec et ongles la destination Algérie pour les vacances. Quand bien même ses parents essayent, autant que faire se peut, de le dissuader de ne pas s'y rendre, ne serait-ce qu'une seule saison en mettant en avant les raisons économiques, Zineddine fait la sourde oreille et ne veut rien entendre. Comme les adolescents parviennent toujours à avoir gain de cause, il se retrouve avec son frère, sa mère et son père à Boukhalfa (wilaya de Tizi Ouzou) dès le début de l'été pour ne repartir qu'au début du mois de septembre. Son père, qui s'est plié volontiers au désir irrépressible de ses enfants, nous confie: «C'est vrai que le prix du voyage pour quatre personnes Lille-Alger est trop cher (environ quarante millions de centimes), il n'en demeure pas moins qu'il est difficile, voire impossible de résister à la tentation de revisiter le pays natal en été.
D'ailleurs, quand j'essaye de convaincre mes enfants de ne pas rentrer en Algérie en été, je le fais à contrecoeur, car moi aussi au fond je brûle d'envie de respirer l'air pur de mon cher pays et de me faire brûler les épaules avec notre soleil qui n'existe nulle part ailleurs.» Quant au fils aîné, Saïd, il n'en discute même pas. Son père nous confie que dès que le mois de juin approche, il les avertit d'emblée: «Moi, j'ai dix-neuf ans, je suis majeur. Même si vous ne voulez pas rentrer au pays j'irai tout seul.» Cette famille est au pays depuis début juin. Elle vit dans le village de Boukhalfa,, près de la ville de Tizi Ouzou. Mais les deux jeunes ne cessent de sillonner le pays et de se balader dans de nombreuses wilayas pour se rassasier de cette Algérie qu'ils gardent dans leur coeur. «Nous sommes allés à Béjaïa, Tipasa, Azeffoun, Alger, Tigzirt et nous nous apprêtons à aller à Oran», nous confie Saïd qui révèle avoir un pincement au coeur à l'approche du mois de septembre.
A l'instar de cette petite famille, elles sont des milliers d'autres à porter leur dévolu sur la destination Algérie chaque été. La question ne se pose même pas pour elles. «C'est le moment le plus important de l'année, quand nous préparons nos bagages et faisons les réservations pour aller au pays», nous confie un ancien cadre de l'Eniem de Tizi Ouzou (Entreprise nationale des industries électroménagères) qui vit en famille en France depuis plus de dix ans. «Assister à des dizaines de fêtes de mariages, aller se ressourcer dans les cafés du village, visiter la ville de Tizi Ouzou et la Nouvelle-Ville, partir à la plage Tassalast de Tigzirt, ce sont autant de moments agréables qui nous font tant rêver tout au long de l'année que nous passons à Paris», nous confie l'ancien employé de l'Eniem. Passer ses vacances en Algérie est le rêve des Algériens de l'étranger qu'ils soient hommes ou femmes et quelle que soit leur tranche d'âge. Même ceux qui vivent sous d'autres cieux depuis plusieurs décennies n'arrivent pas à se détacher de la terre nourricière natale. C'est d'ailleurs ce qu'on constate à travers les immatriculation étrangères des voitures qui circulent ces jours-ci dans les quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou, mais aussi dans les villes balnéaires de Tigzirt et d'Azeffoun et dans les plages.
La présence en force des émigrés en Algérie en général et à Tizi Ouzou en particulier se ressent aussi à travers l'accent du parler de ces derniers où l'on constate un mélange hétéroclite de kabyle et de français. Les tenues vestimentaires portées par les jeunes émigrés hommes et femmes sont également un autre indice qui les fait distinguer durant ces mois de vacances dans les différents lieux publics où ils déambulent allègrement. Une autre raison fait privilégier la destination Algérie aux émigrés, surtout les jeunes. Il s'agit du mariage. En effet, quand bien même ils vivraient ailleurs pendant des années et des années, quand il s'agit de convoler en justes noces, ça ne peut se faire qu'en retournant au bercail.
Les fêtes de mariage célébrées ces semaines-ci en Kabylie sont celles de jeunes émigrés en bonne partie. Et souvent le choix du jeune émigré est porté sur une jeune fille du bled. Dans la majorité des cas, les jeunes émigrés kabyles optent pour des filles du terroir pour une multitude de raisons qu'il serait inutile d'étaler ici. Dans certains cas, le jeune connaissait la future mariée depuis l'époque où il vivait ici. Mais dans bien d'autres situations, c'est la mère, la grande soeur ou carrément une vieille proche qui fait la recherche de bouche à oreille. Mais ces derniers temps, il faut dire aussi que les contacts se nouent de plus en plus via Internet. En tout état de cause et comme on peut le constater, le lien avec la terre natale, l'Algérie, ce beau pays, comme le chantait si bien Slimane Azem, ne se rompt jamais. On vit ailleurs tout en ayant son coeur ici. Oublier son pays natal est une mission impossible et les émigrés le savent mieux que quiconque.


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