Comme si le changement de cap «légaliste» de Basri était une trahison à une cause que même ses fervents défenseurs savent perdue d'avance. Les déclarations de l'ancien ministre marocain de l'Intérieur Driss Basri au quotidien espagnol La Razon, lui ont valu des critiques acerbes de la part de la presse marocaine. Des critiques au vitriol qui ont fait le thème principal des éditorialistes. Cette même presse qui, il y a quelques années, obéissait sans sourciller aux ordres du chef des services de sécurité marocains, opte désormais pour le mercenariat en offrant ses services aux tenants du pouvoir actuel. L'homme fort de Hassan II est, en effet, accusé de «félonie» par les commentateurs de Sa Majesté. L'ancien ministre, limogé par le roi Mohammed VI peu après son intronisation en juillet 1999, et qui vit actuellement à Paris, a invoqué la pensée de l'ancien roi Hassan II pour affirmer que le référendum d'autodétermination constitue l'unique solution au conflit qui oppose depuis 1975 le Maroc et le Sahara occidental. Ce qui est d'autant amusant chez les confrères du royaume chérifien c'est d'accuser celui qui fut, plusieurs années durant, un fervent défenseur du «Sahara marocain» de s'être transformé en «porte-parole d'Abdelaziz Bouteflika». Par ailleurs, l'ancien tout-puissant ministre de l'Intérieur de Hassan II, véritable homme fort du pays pendant plusieurs années, avait déjà été vivement pris à partie dans la presse marocaine pour avoir employé, dans une récente déclaration à la chaîne Al Jazeera, l'appellation onusienne Sahara occidental au lieu de «Sahara marocain». Les projets de «troisième voie» qui prévoient soit un rattachement au Maroc ou l'indépendance - ne sont, selon l'ancien ministre de l'Intérieur, que «gesticulations». Aussi, accuser Basri d'être le «porte-étendard d'une nébuleuse» qui agit «sur mot d'ordre des services algériens» tient de la stupidité et de l'absurdité. Comme si le changement de cap «légaliste» de Basri était une trahison à une cause que même ses fervents défenseurs, savent perdue d'avance. Car, critiquer l'attitude de celui-là même qui, embrassait les mêmes positions à l'époque de Hassan II, dénote de la panique qui s'est emparée d'une presse marocaine aux abois, puisque cette dernière est consciente du poids des déclarations de son ancien «chef» sur le cours des évènements dans la région. Le soutien de l'Afrique du Sud à l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, la reconduction du mandat de la Minurso et l'appui de l'Assemblée générale de l'ONU aux principales résolution sur le Sahara occidental, justifient l'acharnement de la presse marocaine aussi bien contre l'Algérie que contre un ancien dignitaire du royaume, qui a régné en maître, trois décennies durant, sur le paysage politique et médiatique marocain.