A l'origine des déboires des concessionnaires, figure au premier chef le fameux gel des importations de véhicules La possibilité d'une annulation du 20ème Salon international de l'automobile n'est pas à écarter, et ce au vu de la réalité du secteur qui connaît une profonde restructuration. Recul net du marché des quatre roues, dévaluation du dinar, hausse du dollar, taxes salées et importations en baisse, ce sont là autant de facteurs qui grèvent sérieusement le business automobile dans notre pays. Rien ne va plus dans les concessions et les patrons appellent à la levée du blocage de leurs véhicules laissés en rade sur les quais des ports. Dans les showrooms, le client se fait rare, en raison notamment des prix des voitures qui partent à la hausse, du fait de la récente dévaluation du dinar face à un dollar plus que jamais fort. Les Algériens renoncent ainsi au projet d'acheter un véhicule, relèvent les observateurs qui jugent que c'est là un comportement rationnel surtout qu'il est le propre de la classe moyenne. Ainsi, et selon une étude de l'Association des concessionnaires citée par un confrère, ils sont 100.000 Algériens à avoir exprimé leur intention d'acheter une berline mais qui se sont rétractés par la suite, découragés qu'ils ont été par les délais de livraison scandaleusement allongés. A l'origine des déboires des concessionnaires, figure au premier chef le fameux gel des importations de véhicules. L'annulation des projets d'achat est intervenue à la suite de l'arrêt des importations en février dernier conséquence du blocage des opérations de domiciliation bancaire, estime-t-on de même source. L'on ajoute que le marché automobile a perdu de sa visibilité en raison de la confusion au sujet des prérogatives des ministères de l'Industrie et des Finances. Le ministère de l'Industrie, indique-t-on, n'a toujours pas délivré le «certificat de contrôle de conformité» (certificat des mines) qui constitue un blocage pour l'opération d'importation. La possibilité d'une annulation du 20ème Salon international de l'automobile n'est finalement pas à écarter, et ce en raison des «blocages» à l'entrée de nouveaux modèles de voitures. D'ores et déjà nombreux sont les concessionnaires qui font part de leur décision de boycotter le Salon de l'utilitaire d'Oran, prévu en décembre prochain. La valeur des importations de véhicules par les concessionnaires agréés par les services du ministère de l'Industrie et des Mines a enregistré une baisse de 1,06 milliard de dollars US durant les huit premiers mois de l'année 2015, soit une baisse globale de l'ordre de 30,67% en glissement annuel, selon les statistiques arrêtées au 31 août 2015 par le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) relevant des douanes algériennes. Les données du Cnis précisent que les importations de véhicules de janvier à août 2015 se sont établies à 2,395 milliards USD contre 3,455 milliards USD un an auparavant. L'analyse détaillée des statistiques par concession confirme une tendance baissière générale qui s'est accentuée durant le mois d'août 2015. Durant ces mois, les marques européennes, notamment françaises et allemandes, ont continué à occuper la tête de la liste des importations des véhicules, suivies des marques japonaises et sud-coréennes. Les baisses des importations touchent les concessionnaires qui dominent le marché et qui sont touchés par ce phénomène du fait de la disparition de leurs chevaux de bataille ou modèles phares. Pour le seul mois d'août 2015 rapporté à août 2014, les importations ont reculé de 210,96 millions USD passant de 373,97 à 163,01 millions USD, soit une baisse de 56,41%. Durant la période considérée, les volumes ont enregistré un recul de 51,26% passant de 28 921 à 14 096 véhicules importés. Le président de l'Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A), Sofiane Hasnaoui, est récemment revenu sur les raisons de ce rétrécissement du goulot des importations. Il a évoqué le recadrage du marché algérien de véhicules, lequel «avait grossi de manière assez artificielle ces dernières années en raison de la méconnaissance de la taille réelle du marché par les concessionnaires». L'offre avait ainsi été plus importante que la demande, selon le président d'AC2A qui a estimé que certains concessionnaires anticipaient même sur une croissance de la demande sans prendre en considération l'ensemble des données du marché et se sont retrouvés par conséquent «incapables de faire écouler leurs stocks». Rappelons que les banques algériennes vont pouvoir accorder des crédits à la consommation pour les «produits nationaux» à partir du 15 septembre prochain, date de l'entrée en service de la nouvelle centrale des risques de la Banque d'Algérie. Le produit de la marque au Losange qui sort de l'usine de Oued Tlélat à Oran fait partie de ces «produits nationaux» éligibles au crédit à la consommation. Cela ne devrait pas arranger les affaires des importateurs... La persistance de ces paramètres et l'impact laissé par la décision prise au printemps dernier par les pouvoirs publics et qui a consisté à organiser et à rendre transparente l'activité des concessionnaires, auront eu raison du dynamisme des transactions dans le secteur automobile national. Le ministère de l'Industrie et des Mines écarte donc toute idée de blocage et précise que l'application impartiale et non discriminatoire des nouvelles mesures vise avant tout à préserver les intérêts des consommateurs et de l'économie nationale.