Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a lancé hier la campagne du parti au pouvoir pour les élections législatives anticipées du 1er novembre en promettant en cas de large victoire de «ramener la paix» dans le pays, agité par la reprise du conflit kurde. «Personne n'osera menacer la paix de notre pays ou trahir la mémoire de nos martyrs si les cadres de l'AKP sont à nouveau au pouvoir», a lancé M.Davutoglu devant plusieurs milliers de ses partisans réunis pour la présentation des candidats de son parti. «Si Dieu le veut, pour l'unité et la solidarité de notre pays et pour la paix de notre peuple, nous continuerons cette oeuvre de paix et de démocratie jusqu'à son terme», a ajouté le chef du gouvernement de transition. Des affrontements meurtriers ont repris depuis deux mois entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le Parti de la justice et du développement (AKP) a essuyé un cinglant revers lors des législatives du 7 juin en perdant la majorité absolue qu'il détenait depuis 2002. Ce résultat a été largement considéré comme une défaite personnelle pour le président Recep Tayyip Erdogan qui, contre la lettre de la Constitution, s'était investi dans la campagne pour défendre les couleurs de l'AKP avec l'ambition de renforcer, en cas de large victoire, ses prérogatives de chef de l'Etat. Dimanche, M. Erdogan a profité d'un rassemblement «contre le terrorisme» qui a rassemblé plus de 100.000 personnes à Istanbul pour entrer lui en campagne. «Nous voulons que soient élus 550 députés nationaux», a-t-il lancé en suggérant que les élus du principal parti prokurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP), étaient étrangers. «Vous avez compris ce que nous voulons, n'est-ce pas?», a-t-il insisté, «tout serait facile dès lors...» Le HDP, que le gouvernement accuse de soutenir le PKK, a remporté 80 sièges (13% des voix) lors du scrutin du 7 juin et ainsi contribué à priver l'AKP de sa majorité absolue. M. Erdogan a convoqué des élections anticipées après l'échec des tentatives de former un gouvernement de coalition. Selon un sondage publié hier par l'institut Gezici, l'AKP recueillerait 39,3% des voix, en baisse par rapport au 7 juin (40,8%) et le HDP 13,5% (contre 13%).