ce concept identitaire semble retrouver sa place au sein du repère identitaire national à Annaba, comme à travers toutes les wilayas du pays. Après plus de 130 ans de tentative de sa mise à mort par le colonialisme, Yennayer est enfin de retour parmi les siens. Un retour fort remarqué notamment après la constitutionnalisation de tamazigh. Promue par le projet de loi portant révision de la Constitution de langue du terroir à langue nationale officielle. Yennayer ne pouvait être qu'une double fête pour cet acquis linguistique ancestral qui a fait couler beaucoup d'encre des années durant. A Annaba, pour la première fois, les points de vue quant à son adoption en tant que langue officielle, ne sont pas divergents. «Pourquoi la langue amazighe est-elle indissociable de l'identité algérienne?», nous dira Kamel Zahani, enseignant au premier palier dans un établissement du centre-ville d'Annaba. «Nos enfants ont besoin de comprendre ce que leurs concitoyens de la Haute et Basse Kabylie, des Aurès et autres régions de l'Algérie disent», a ajouté notre interlocuteur, soutenu par des propos similaires d'une enseignante du même établissement quant à l'introduction de l'enseignement de la langue amazighe dès l'année prochaine. «Elle a le statut d'une langue, tout comme le Français et l'Anglais, donc elle doit être enseignée. Nous devrons d'abord apprendre à connaître notre culture, avant celle des autres», a dit Djeleb M. Depuis l'intellectuel, jusqu'au commerçant, en passant par le simple citoyen, il est plus qu'évident que Yennayer et la langue amazighe sont, et sans équivoque, à des repères intégraux de l'identité et la culture algérienne. ' EL amazighia'', comme aiment le dire les Annabis, a mis beaucoup de temps, se sont accordés à le dire, pour occuper une vrai place au sein du concept identitaire national algérien. Désormais, le Nouvel An amazigh n'est plus cette fête spécifiquement kabyle. «C'est avant tout une culture algérienne et Yennayer reflète la richesse de cette culture», ont estimé des étudiants du département de sociologie, de l'université de Bordj Badji Mokhtar d'Annaba. «Nous nous faisons une grande fierté de le célébrer ce Nouvel An algérien, au lieu de fêter le Nouvel An grégorien», ont estimé nos interlocuteurs. Ainsi, les familles annabies ont, chacune à sa façon, accueilli et célébré 'Yennayer'' dans la liesse et la convivialité. La célébration du Nouvel An berbère est ressentie un peu partout à Annaba où l'odeur de cette tradition, enfin récupérée par les siens, a néanmoins, attiré incrédules, n'hésitant pas à user de pratiques mercantiles pour tirer profit de l'aubaine en proposant toutes sortes de produits allant des viandes aux légumes, fruits et fruits secs, au reste des ingrédients indispensables pour le succès de cette fête qui revient de loin. L'empreinte festive de cet événement est visible à Annaba. Les rues se sont mises aux couleurs de la fête bien ancrée dans la culture des citoyens qui perçoivent la célébration de cette tradition séculaire comme une obligation morale et bien plus, un rituel que l'on doit accomplir et honorer.