Le ministre algérien demeure convaincu que le futur Maghreb arabe disposera d'un poids géostratégique non négligeable. Le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, qui fait également office de ministre de la Défense, en attendant le très probable remaniement ministériel qui viendrait le confirmer à ce poste stratégique, a mis pas mal de points sur les «i» dans un entretien qu'il a accordé ce jeudi au journal londonien El-Qods El-Arabi, en marge des travaux des 5+5 qui se sont achevés mercredi à Paris. Il a ainsi commencé par revenir sur cette rencontre importante, qui a regroupé les ministres de la Défense des deux rives méditerranéennes pour dire que «la coopération multilatérale au sein du groupe des 5+5 confèrera à la région du Maghreb arabe un poids stratégique certain». D'autant, a-t-il ajouté, que «l'instauration de la sécurité et de la stabilité dans la région de la Méditerranée sera l'un des défis de l'avenir». Dans cet entretien, Zerhouni ajoute que la coopération bilatérale est «plus importante et plus rentable lorsqu'elle est engagée dans un cadre multilatéral». Ici, l'allusion est faite aux blocages marocains par rapport à l'édification maghrébine, ce qui retarde grandement la progression des 5+5, dont l'initiative émane du processus de Barcelone, vieux de pas moins de dix ans. Le ministre, qui semble fonder de grands espoirs sur la réunion de Paris, estime que celle-ci «tendait à vulgariser nos actions dans le cadre bilatéral au sein du groupe, ce qui est à même de renforcer et de multiplier les moyens garantissant l'intervention rapide en cas de catastrophes y compris la lutte contre la pollution et le trafic de stupéfiants donc, ne se limitant pas aux catastrophes naturelles». Ici encore, le vaste plan portant modernisation de l'ANP, ainsi que ses nombreux exercices et manoeuvres menés avec les forces de l'Otan, témoignent, si besoin en était, de la décision ferme prise par Alger d'être désormais le fer de lance du sud de la Méditerranée dans le cadre de la lutte contre tous les fléaux auxquels fait référence ce haut responsable algérien. M.Zerhouni a également affirmé que la lutte contre le terrorisme est un des aspects de la coopération, et non l'aspect central de la coopération au sein du groupe 5+5, précisant que la lutte contre les organisations armées relève de la compétence des pays qui les abritent et que l'Europe ne peut en aucun cas jouer le rôle de policier. La même idée, du reste, a été développée par l'Otan. L'Alliance atlantique, en effet, s'est alignée, des années après, sur les thèses algériennes qui soutiennent que la lutte antiterroriste passe obligatoirement par l'éradication de ses «raisons objectives» que sont l'injustice globale qui caractérise le monde mais aussi de nombreux Etats touchés par ce fléau. C'est, partant de ce constat que plus personne ne songe à remettre en cause que le ministre de l'Intérieur algérien a réfuté la thèse selon laquelle les problèmes sécuritaires de l'Europe proviennent du Sud, précisant que les groupes organisés, la falsification et le trafic de drogue sont bien plus répandus en Europe que dans le Sud. Et d'ajouter que l'Algérie tend à ce que l'Europe ne devienne pas une base pour les groupes organisés, dont les groupes terroristes. Il convient d'informer l'opinion publique des projets adoptés pour la lutte contre le crime et le terrorisme dans le cadre de la Méditerranée occidentale. M.Zerhouni a par ailleurs salué la coopération bilatérale existant au sein du Maghreb arabe et le développement de la coopération avec le Maroc dans le domaine sécuritaire depuis trois ans. Il a souligné que la question du Sahara occidental n'interfère pas dans les relations entre l'Algérie et le Maroc, car ce dernier commence à comprendre la position de l'Algérie à l'égard de cette question. il ajoutera que l'impact de cette question n'est pas aussi important que veulent l'imaginer certains.