Une première dans les pays arabes et africains. Ce qui n'était que rumeur, pourrait se confirmer dans les tout prochains jours. M.Nouredine Yazid Zerhouni serait pressenti au poste de ministre de la Défense nationale, à la faveur d'un remaniement ministériel partiel, qui toucherait quatre à cinq départements ministériels. Une hypothèse confortée par la participation du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, demain, à la réunion des ministres de la Défense des «5+5». Une rencontre qui regroupera 10 pays des rives nord et sud de la Méditerranée (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie, Espagne, France, Italie, Malte, et Portugal). M.Zerhouni, qui est arrivé, hier dans la capitale française est accompagné du général major Ahmed Sanhadji, secrétaire général au ministère de la Défense nationale. La nouveauté, c'est le fait que l'homme fort du pouvoir algérien, que toutes les «tempêtes», en particulier les évènements de Kabylie et le vent de protestation qui a soufflé sur la plupart des régions du pays, n'ont pu déloger, sera présent à la réunion des 5+5, en représentant du chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika. Une «mission» hautement symbolique qui dénote de la confiance que voue le président de la République, à celui pour qui le domaine pour lequel il est pressenti n'est pas étranger. Par ailleurs, ce n'est pas la première fois que M.Zerhouni représente le chef de l'Etat et auparavant le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, notamment à l'occasion de la visite de Michèle Alliot Marie, ministre française de la Défense, en juillet dernier. C'est surtout au moment où l'on évoque avec insistance un éventuel remaniement partiel de l'Exécutif, qui interviendrait le 28 du mois en cours, que M.Zerhouni affiche de plus en plus ses prétentions d'être le futur ministre de la Défense; une mission qui, jusqu'à présent revient au chef de l'Etat. Au vu d'un certain nombre de données (lire l'article de Mohamed Abdoun) le poste de ministre de la Défense serait donc acquis pour l'actuel ministre de l'Intérieur, alors que M. Bouteflika garderait la qualité de chef suprême des forces armées. Une éventualité à ne pas exclure, du moment que les nouvelles mutations que connaît l'institution militaire, tant au niveau de son organisation que de son redéploiement géostratégique dans le cadre de l'Otan, impliquent la nomination d'un ministre civil à la tête de la défense nationale, comme cela est le cas dans tous les pays démocratiques. Une première dans les pays arabes et africains. D'ailleurs, en faisant de l'Algérie son partenaire privilégié dans la région du Maghreb, l'Alliance atlantique exprime une reconnaissance de la nature républicaine de l'armée algérienne, qui entame une véritable mue. Sa participation au manoeuvres tactiques aux côtés des grandes forces navales, la modernisation de ses équipements et la professionnalisation de ses troupes sont autant d'éléments attestant de la volonté de l'armée algérienne de s'intégrer pleinement dans la nouvelle dynamique internationale de lutte contre le terrorisme et l'intervention dans les zones de tension, dans le cadre des Nations unies. C'est justement là l'un des objectifs de la réunion des «5+5». Organisée à l'initiative de la France, cette rencontre «permettra d'explorer les voies et moyens d'une coopération en matière de défense et de sécurité dans la Méditerranée occidentale». Les ministres de la Défense de dix pays des deux rives de la Méditerranée signeront, aujourd'hui à 11h au siège du ministère français de la Défense, une déclaration commune qui «définira un programme et un calendrier de travail» relatifs à «la sécurité dans la région méditerranéenne». C'est au moment où les Etats-Unis veulent étendre leur influence aux pays de la rive sud de la Méditerranée et à la bande sahélo-saharienne, que la France relance l'initiative des «5+5». Une sorte de contrepoids pour préserver le «cadre naturel» de la coopération militaire des pays du Bassin méditerranéen, à savoir le processus de Barcelone, qui bouclera au début de l'année prochaine ses dix années d'existence. Une compétition géostratégique entre Paris et Washington et qui avait éclaté au grand jour lors du forum de l'avenir qui s'est tenu samedi dernier au Maroc.