Le respect des libertés ne se conjugue pas aisément avec la sécurité intérieure. L'Assemblée populaire nationale (APN) reprendra le 3 janvier ses travaux en séance plénière qui sera consacrée au vote de quatre projets de lois déjà présentés et discutés par les membres de l'APN. Il s'agit des projets relatifs à la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le terrorisme, à l'organisation des prisons et à la réinsertion sociale des détenus, du code de commerce et aux semences et pépinières. La reprise des travaux a été décidée lors de la réunion, dimanche, du bureau de l'Assemblée, présidée par M.Amar Saâdani, président de l'APN, et consacrée à l'examen du «seul amendement du projet de loi relatif à la prévention et la lutte contre le terrorisme» et des «trois amendements du projet de loi relatif à l'organisation des prisons et à la réinsertion sociale des détenus», selon un communiqué de l'APN. Si le nouveau projet portant organisation des prisons est considéré comme un pas fait dans le sens du respect des droits de l'homme, certains appréhendent, au contraire, l'adoption des nouvelles lois concernant la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le terrorisme. Ces projets de lois lèveront toute mesure légale sur le secret bancaire et permettront à une «cellule du renseignement» de s'introduire dans les moindres tiroirs et comptes bancaires des citoyens jugés «suspects» et de contrôler la provenance ou la destination de l'argent et des sommes versées. Evidemment, c'est le meilleur moyen pour les services de renseignement de prévenir des actions terroristes ou séditieuses, mais on peut toujours parler de restrictions dans le domaine des libertés. Concernant les lois sur l'organisation des prisons, il n'y a pas de doute: l'Algérie veut bel et bien s'arracher à l'image de pays tortionnaire, et tout, pratiquement tout, affirme le président de la République, sera fait pour mettre terme à cette «pratique abjecte d'une époque qui avilit tant le bourreau que sa victime et qui doit être combattue et bannie à jamais». Le printemps 2002 avait constitué un pic dans la crise des prisons algériennes avec une vingtaine de mutineries, des incendies et des grèves, et au bout, une cinquantaine de morts et près de 150 blessés. Le dilemme qui se pose aussi bien à l'Algérie qu'aux pays occidentaux en état d'alerte devant la menace terroriste, c'est que plus de sécurité rime avec moins de liberté. Pour les responsables de la sécurité intérieure, c'est un coût moindre pour faire face à une déferlante de la violence quasi incontrôlable.