Le ministre des Affaires étrangères à la tribune de la Commission des droits de l'homme de l'ONU Cet examen de passage de la nouvelle Constitution annonce, en principe, un repositionnement de l'Algérie sur l'échiquier «démocratique» international. Décriée par une partie de l'opposition, la nouvelle Constitution dont les premières lois organiques seront débattues par le Parlement dans sa session de printemps, a fait le voyage jusqu'à Genève dans les valises du ministre des Affaires étrangères. Lamamra était hier dans la capitale suisse pour «vendre» les amendements constitutionnels à la Commission des droits de l'homme de l'ONU. Bien que cette instance onusienne ne fait pas autorité en matière de «militantisme» en faveur des droits de l'homme, elle reste tout de même une tribune de choix pour les Etats quand il s'agit d'exposer leur vision et défendre leur point de vue sur la question. La mission de Lamamra n'est certainement pas périlleuse, mais porter les ambitions démocratiques de son pays à l'international est tout de même un exercice quelque peu complexe pour un officiel, dont l'Etat n'a pas toujours bonne presse sur les questions des droits de l'homme, malgré les efforts fournis dans le sens de leur promotion. Et à ce propos, «la Constitution amendée apporte des réponses, à travers des choix clairs, en faveur de la préservation de la paix, de la promotion de la justice sociale et des valeurs démocratiques, du respect des principes universels des droits de l'homme, la réduction de la pauvreté et des inégalités ainsi que la mise en place d'une économie compétitive et respectueuse de l'environnement», plaide le ministre des Affaires étrangères. Il faut dire qu'en matière d'avancées démocratiques, Lamamra évoluait sur du velours, tellement la nouvelle Constitution consacre le principe des libertés individuelles et collectives. «Le dispositif législatif renforçant les droits de l'homme et les libertés démocratiques s'est enrichi en particulier par l'adoption d'une loi-cadre sur l'enfance, d'une loi criminalisant la violence faite aux femmes et d'amendements de substance du Code de procédures pénales, baromètre du respect des libertés individuelles, renforçant notamment les droits du justiciable ainsi que la dépénalisation de l'acte de gestion», a souligné le ministre, comme pour rappeler que les amendements de la Constitution sont venus couronner un long processus qui a pris forme à partir de 2011. En diplomate avisé et devançant les appréhensions des défenseurs des droits de l'homme, Ramtane Lamamra a souligné que «par leur ampleur autant que par leur portée pratique, les amendements apportés à la Constitution visent à traduire dans les faits une profonde détermination à prendre en charge les aspirations des Algériennes et des Algériens, et à construire une société apaisée, résultat d'une politique de paix et de réconciliation nationale, dans le respect des libertés et des lois de la République». Ce propos est clair et répond à toutes les interrogations formulées ici et là par des ONG, soucieuses de relayer les critiques des activistes qui leur sont proches. Au plan de pratique politique, le nouveau texte de la Loi fondamentale a apporté plus de prérogatives au Parlement, à même de garantir effectivement son indépendance. Le ministre s'est appuyé sur le nouveau texte pour affirmer que les garanties en question permettront au Parlement, «au moyen de nouveaux outils tels que les commissions d'enquêtes et les missions d'information, de jouer pleinement son rôle de contrôle de l'action du pouvoir exécutif». Et Lamamra de noter que l'opposition parlementaire «voit, elle aussi, ses droits davantage renforcés, notamment ceux relatifs à l'expression, aux réunions, au temps d'antenne dans les médias publics, au financement public, ainsi qu'à la saisine du Conseil constitutionnel». Une batterie de nouveaux droits qui place de fait, l'opposition en Algérie à un niveau de contre-pouvoir susceptible d'agir sur la décision. Un aspect que le ministre a développé, avec une grande aisance, en raison de la limpidité du texte qu'il est allé défendre devant la Commission des droits de l'homme de l'ONU. Cet examen de passage de la nouvelle Constitution, même s'il n'a aucun aspect contraignant, annonce, en principe, un repositionnement de l'Algérie sur l'échiquier «démocratique» international. Il reste que le grand oral de Lamamra ne suffira certainement pas à taire la vindicte de certaines ONG.