3367 crimes ont été recensés et 1051 personnes arrêtées durant l'année 2004. Le commandant Barour Sahraoui expliquait au parterre de journalistes, présents au point de presse donné par le groupement de Boumerdès, tout en gardant, les yeux fixés, sur le rideau de l'écran où se déroulait, page par page, le rapport annuel 2004. «La criminalité est, comme vous le constatez, en très nette hausse par rapport à 2003.» La ville secouée par le tremblement de terre du 21 mai 2003 a vu naître çà et là de nouveaux sites, accentuant le risque déjà existant dans cette région, prise en sandwich entre Alger et Tizi Ouzou, c'est-à-dire les deux villes les plus instables et les plus secouées par les épiphénomènes de la violence et de la criminalité. La plongée au coeur de la criminalité à 50 km de la capitale donne déjà un avant-goût de ce que sera la criminalité non-stop, née de l'après-terrorisme persistant. Boumerdès se classe déjà dans le peloton de tête des villes criminogènes en Algérie, avec notamment l'implantation du Gspc à ses portes est, et un espace au carrefour de plusieurs wilayas par où transitent près de 40.000 voitures chaque jour. Dans le chapitre du crime organisé, cinq formes de criminalité se manifestent comme autant de défis lancés à la sécurité : la contrebande, l'immigration clandestine, la drogue, la fausse monnaie et le vol de voitures. Le commandant cite, en outre, que 50 associations de malfaiteurs ont été démantelées au cours de l'année écoulée, ce qui constitue un indicateur sur les alliances mafieuses qui se font et se défont au gré des intérêts. La menace verbale et écrite, les coups et blessures volontaires, l'assassinat et le rapt sont en hausse avec respectivement 120, 525, 126 et 11 cas recensés. En matière de répression du banditisme et du crime organisé, la région de Boumerdès subit une hausse inquiétante, avec des pics à Zemmouri, Cap Djinet et Baghlia, trois villes côtières où les terroristes du Gspc sont très implantés. Si la gendarmerie se fait de plus en plus effacée en matière de lutte contre le terrorisme, mission dévolue à d'autres corps de sécurité spécialisés, il n'en reste pas moins qu'elle a arrêté, en 2004, 110 personnes pour soutien au terrorisme et mis aux arrêts 52 pour le même motif. La prolifération de la drogue est aussi un des grands problèmes qui secouent la région, notamment en période estivale, dans les villes côtières - de Boumerdès à Cap Djinet - 49 kg y ont été saisis d'un seul coup. Mais pour le commandant, «ce n'est pas tant le menu fretin et les petits consommateurs qui intéressent, étant considérés comme des victimes, mais bien les gros revendeurs et les dealers». Seul point d'optimisme : la diminution des cas liés au vol de sable. La région côtière a été littéralement «mise à sac», dans tous les sens du terme, ce qui a considérablement affaibli les digues naturelles des plages. La création prochaine de deux brigades de recherche contre la criminalité, l'une à Boudouaou, l'autre à Bordj Menaïel, renseigne sur l'état d'esprit de la GN qui tente d'endiguer les fléaux d'une région, autrefois calme et tranquille, et qui, aujourd'hui, se retrouve aux premières places de la criminalité en Algérie.