Un mort, des blessés légers, des routes coupées et des villages et communes isolés, tel est le bilan des intempéries dans la wilaya de Béjaïa. En effet, la vague de froid accompagnée par une forte précipitation de pluies (74 mm), et de neige atteignant la hauteur de plus d'un mètre, comme à Kadiria, Chelata, Akfadou et autre Adekar, a isolé la wilaya de Béjaïa du reste du pays. De mémoire d'homme, jamais dans l'histoire de Béjaïa, il n'a eu autant de neige. Ni celle de 1942 ou de 1956 et à degré moindre, celle de 1974, ne peuvent égaler les dernières intempéries vécues par la wilaya en général et la ville de Béjaïa en particulier. Si aucun accident, fort heureusement, n'a été enregistré sur les routes de la wilaya, toutes bloquées, l'ambiance créée par la neige a eu raison de la vie d'un jeune homme du côté de Draâ El Gaïd, daïra de Kherrata, qui a fait une chute mortelle au moment où il voulait immortaliser le beau paysage avec son appareil photo. En effet, hormis le dérapage d'un semi-remorque qui a fait un blessé léger, tous les autres cas de blessés sont dus aux chutes et glissades sur les chaussées, nous déclare le colonel M'hamed Deramchia. Côté Protection civile, en l'absence du chargé de l'information, les permanenciers confirment le nombre important d'interventions pour évacuer les personnes âgées souffrant de maladies chroniques, diabète, hypertension... En outre, si la situation dans les villes est plus ou moins maîtrisable, les communes et autres villages des hauteurs de la vallée de la Soummam souffrent le martyre. En effet, coupés du monde, sans électricité depuis quatre jours et sans eau, sans gaz butane et sans gasoil, plusieurs villages sont plongés dans un isolement total, à l'instar de Kendira, Adekar, Chemini et Akfadou. N'était l'élan de solidarité exemplaire des citoyens, qui ont compris vite qu'il ne fallait pas compter sur les pouvoirs publics, le bilan aurait été très lourd. A titre d'exemple, un citoyen a évacué en urgence avec son véhicule tout-terrain, quatre enceintes qui ont accouché aussitôt arrivées à l'hôpital de Sidi Aïch. Ainsi, en l'absence des pouvoirs publics, par faute de moyens ou par mutisme et léthargie, la neige a pu, en l'espace de trois jours, imposer son diktat. En effet, hormis quelques écoles et autres administrations au centre du chef-lieu de wilaya, aucun établissement scolaire ni administration n'a ouvert ses portes depuis mercredi matin. Ni les chasse-neige en nombre insuffisant ni les moyens déployés, n'ont pu débloquer la situation des villages sérieusement enclavés. Il faut signaler que les dernières augmentations des prix du gaz butane et du gasoil, ont empêché les villageois, en signe de protestation, de s'approvisionner, ce qui a provoqué une pénurie chronique. A cet effet, des citoyens des régions enclavées lancent un SOS à travers la Radio Soummam pour leur venir en aide, car la solidarité, encore une fois prouvée sur le terrain, ne peut suffire à elle seule dans des cas pareils. En dépit de l'ambiance créée par les chutes de neige, au centre de la ville de Béjaïa notamment, une ambiance qu'on n'oubliera pas de sitôt, les autorités concernées doivent agir rapidement pour désenclaver plusieurs régions de la wilaya pour éviter que le bilan des intempéries, jusque-là fort heureusement acceptable, ne s'alourdisse. Une occasion pour les pouvoirs publics de se racheter, car la réconciliation passe d'abord par la prise en charge du citoyen.