Hier, des éclaircies sont apparues, aidant à désenneiger les axes menant aux villages les plus isolés. Après six jours d'angoisse, les citoyens de quelque 500 villages de la Basse Kabylie, demeurés isolés, ont retrouvé la civilisation à la faveur de la réouverture des axes routiers principaux. La neige, qui s'est fortement abattue sur la région, a été à l'origine de cet enclavement que personne n'imaginait de cette ampleur. Bien que les citoyens se soient bien approvisionnés à la suite du bulletin d'alerte lancé par les services météorologiques, les stocks ont vite été épuisés. La panique a commencé à se faire sentir au bout du quatrième jour. Le gaz était le premier produit à faire défaut. En l'absence du courant électrique, les habitants des villages se sont rabattus sur le gaz butane pour se chauffer pendant ces longues journées de froid glacial, durant lesquelles la température gagnait parfois les -15°. Les conséquences de ce froid ont été d'ailleurs constatées hier matin, les moteurs de véhicules ont eu les culasses et les blocs fissurés. Le mal des citoyens isolés ne s'arrêtera cependant pas là, puisque hier, les camions, dépêchés à Béjaïa pour le ravitaillement en gaz et en produits alimentaires, n'ont pas rejoint leurs points de départ à cause, essentiellement de la fermeture des axes routiers. En effet, à peine désenneigées, ces mêmes routes redeviennent impraticables tant il neigeait fortement. A ce titre, le portable a été d'un secours inestimable en l'absence du téléphone fixe. Au-delà des effets insupportables qu'avait provoqués la neige, il y a lieu de relever ce retour de la solidarité. En effet, durant les cinq jours d'isolement, les citoyens et les élus se sont unis un peu partout pour faire face à cette catastrophe naturelle. Que ce soit pour dégager les routes, déplacer les malades, aider les plus nécessiteux, l'élan de solidarité et d'entraide n'a manifestement pas fait défaut. Fort heureusement, d'ailleurs, car l'Etat, représenté dans les communes par les APC, était visiblement dépourvu de moyens en mesure de faire face à la situation. A Béjaïa, les habitants des communes montagneuses ont dû faire appel à leur génie et aux méthodes ancestrales pour se sortir de l'isolement, avec l'espoir de voir enfin leurs communes plus équipées à l'avenir. Hier, des éclaircies sont apparues, aidant les équipes de citoyens et travailleurs à désenneiger les axes menant aux villages les plus isolés. Elles sont à pied d'oeuvre depuis le premier jour, mais force est de constater qu'il est difficile de lutter contre la nature. Les équipes de Sonelgaz s'attellent à rétablir le courant électrique un peu partout sur le territoire de la wilaya. Tandis que des commerçants véreux ont, sans honte aucune, augmenté les prix des fruits et légumes. A Béjaïa-ville, la tomate valait, hier, 60 DA. Quant à la pomme de terre, elle n'a jamais atteint le prix affiché hier (50 à 60 DA). A l'heure où nous mettons sous presse, il continue toujours de neiger sur les hauteurs, tandis que dans l'axe de la vallée de la Soummam, la neige disparaissait au fur et à mesure. Une occasion pour les fellahs et agriculteurs de constater les dégâts occasionnés aux cultures et aux arbres. L'olivier a subi de grands dommages en ne résistant pas au poids de la neige. On craint à présent les inondations que pourrait causer la forte neige. Les glissements de terrains et les éboulements ne sont pas à écarter dans les prochains jours, aussi, la prudence est plus que jamais recommandée. La fédérattion FFS de Béjaïa, dans une déclaration rendue publique hier, a stigmatisé la léthargie des pouvoirs publics les accusant d'avoir abandonné les populations à leur propre sort durant les intempéries. Notons que sur la cinquantaine d'assemblées communales que compte la wilaya, plus d'une vingtaine sont dirigées par cette formation politique.