Après six jours d'abondantes chutes de neige, des milliers de citoyens habitant les localités montagneuses sont encore isolés du reste de la wilaya. Les efforts et les moyens mis en œuvre pour désenclaver des centaines de villages et ouvrir les axes routiers s'avèrent de plus en plus insuffisants eu égard au relief accidenté et aux importantes quantités de neige tombées en six jours. L'intervention des militaires a permis l'ouverture de certaines routes reliant les principaux centres urbains de la wilaya de Tizi Ouzou. Mais hier rien de nouveau n'est venu rassurer les populations des villages d'Iferhounène, Imsouhal, Illiltène, Beni Zikki, Zekri, Ouacifs, Ouadhias et Yatafen, c'est-à-dire tout le versant du Djurdjura, en allant de Draâ El Mizan, à l'ouest, jusqu'aux hauteurs de Yakouren, à l'est. Ces populations attendent toujours de pouvoir se déplacer autrement qu'à pied et pouvoir ainsi s'approvisionner. Il faut noter que ce sont des régions montagneuses culminant à plus de 800 m d'altitude. Hier, en début d'après-midi, les services de la wilaya nous ont transmis un état des lieux du réseau routier dans neuf daïras sur les vingt et une que compte la wilaya. Des données qui laissent perplexes. Ainsi, il est mentionné dans ce document que la RN15, qui relie Larbaâ Nath Irathen à Aïn El Hammam, a été ouverte jusqu'à Aït Aggouacha (à 10 km de Larbaâ Nath Irathen). Cela laisse supposer que le tronçon restant est fermé. Mais dans la case réservée à la daïra de Aïn El Hammam, il est précisé que le même tronçon est ouvert. Toujours dans le même document, on découvre que la route reliant Azazga à Aïn El Hammam est ouverte et... fermée en même temps. Si l'administration, à travers le premier responsable de la wilaya, a estimé avant-hier le taux de désenclavement des villages à 70%, la réalité est tout autre. Selon des recoupements faits à travers les témoignages de citoyens contactés par téléphone, au moins 50% du réseau routier étaient jusqu'à hier en début d'après-midi impraticables. Cela dit, l'utilisation d'engins de travaux publics (pelleteuses, chargeurs...) à défaut de chasse-neige ne facilite pas la tâche de ceux qui interviennent pour dégager les routes recouvertes en certains endroits d'une couche de neige (un à deux mètres). Comme nous l'a signalé notre correspondant à Bouzeguène, où une unité de l'ANP intervient pour désenclaver la commune d'Ath Zikki, « l'opération avance lentement et risque de prendre du temps ». En outre, de nombreux citoyens commencent à paniquer du fait du manque de denrées alimentaires, de gaz butane et de gasoil. Et lorsque certains arrivent à se procurer un produit, c'est avec un prix multiplié par deux ou trois. Ainsi, dans certaines localités où les commerçants ont pu s'approvisionner en fruits et légumes, tous les prix sont au-dessus de 50 DA, alors que la bouteille de gaz butane a atteint les 600 DA ! La météo - qui annonce la persistance du mauvais temps - ne rassure pas ceux qui depuis six jours attendent l'arrivée des secours et de l'Etat. Un mort par hypothermie à Bounouh Une vieille femme a été retrouvée hier matin morte de froid dans sa vieille demeure à Bounouh, aux pieds du Djurdjura. Selon des sources concordantes, la vieille dame vivait seule dans une maisonnette en ruine et serait morte depuis quelques jours déjà. A Draâ El Mizan, le toit de la salle omnisports de la ville s'est effondré dans la nuit de samedi à dimanche. D'une capacité de 500 places, la salle, qui a coûté 4 milliards de centimes, a été inaugurée en 1996.