Pour beaucoup de maires, l'hygiène passe au dernier plan Les opérations de volontariat visent en fait à donner un nouveau souffle à cette tradition millénaire dans les villages de la wilaya. La wilaya de Tizi Ouzou a vécu hier l'ambiance des volontariats à travers toutes les communes. L'initiative a été prise par le premier responsable de la wilaya qui vise à remettre sur les rails cette ancienne tradition de la région au goût du jour. Pour la réussite de cette action, plusieurs services et directions ont été mobilisés. Quelque 520 ouvriers et 75 engins de la voirie ont été mis à disposition afin de réussir la mission de nettoyage qui a débuté aux environs de 5h du matin. Au niveau de la ville de Tizi Ouzou, le coup d'envoi a été donné à la nouvelle-ville. Dans les communes, l'initiative a été suivie par les services de la voirie qui ont mobilisé les moyens des communes. Les opérations de volontariat initiées par le wali Brahim Merad visent en fait à donner un nouveau souffle à cette tradition millénaire dans les villages de la wilaya. Les populations locales ne découvrent pas ces gestes et réflexes. Bien au contraire, c'est juste un «renouement» ou un ressourcement. L'importance de cette initiative réside cependant ailleurs. Si au niveau de la ville de Tizi Ouzou, les services de la voirie sont plus ou moins actifs, il n'en est guère de même dans les communes. L'hygiène, pour beaucoup de maires, passe au dernier plan. Pourtant, ce sont les élus, avant le wali, qui doivent être au courant de la nécessité de remettre au goût du jour les opérations de volontariat. Ancrés depuis des siècles dans les traditions villageoises, les volontariats ne devaient pas se passer de la collaboration des villageois. Les services de la voirie locaux devaient travailler en partenariat avec les villageois qui connaissent plus que quiconque les besoins. Cette coupure de contact entre les deux entités intervenant dans la gestion de la collectivité locale, les élus et les comités de villages, a eu comme conséquence la dégradation alarmante du cadre de vie des populations. Deux conséquences dont les effets sont largement visibles et les conséquences incommensurables se présentent à l'observateur. D'abord, il devient évident que la tradition de volontariat dans les villages a disparu. Dans un passé récent, la période des premières pluies est précédée par des volontariats de nettoyage et de désengorgement des ponts et autres. Tous les villages s'animent à cette période. Aujourd'hui, tout s'est arrêté avec l'arrivée aux commandes des assemblées élues. Les élus n'ont pas su prendre le relais en pérennisant cette tradition. Le matériel des communes pouvait pourtant pérenniser ces réflexes en le mettant à la disposition des volontariats. Puis, en deuxième lieu, la coupure a eu comme effet l'impossibilité de faire avancer les projets visant à améliorer le cadre de vie des populations. Le manque de travail en collaboration et la rupture du dialogue ont engendré des situations conflictuelles qui bloquent la réalisation de ces projets. L'exemple parfait de cette paralysie est l'impossibilité de réaliser plusieurs centres d'enfouissement techniques (CET). A Mizrana, Aghribs et Bouzeguène, des populations s'opposent tout en proposant d'autres sites moins nocifs pour l'environnement. Mais qui peut entendre qui? C'est enfin à la lumière de ces constats amers qu'apparaît toute l'importance de l'initiative du premier responsable de la wilaya. Faire renaître ces réflexes est le meilleur service à rendre à la wilaya. D'autres estiment que cette initiative devrait être rééditée avant les premières pluies tout en faisant participer les populations à travers les villages de la wilaya. C'est en cette période justement que l'initiateur pourrait contraindre les élus locaux à aller à la rencontre des villageois qui n'attendent que cela.