Les villages de cette région ne voient l'eau ruisseler des robinets qu'une fois par mois. Quelques jours caniculaires ont permis de mettre à nu les tares d'une politique de gestion de l'eau dans la wilaya de Tizi Ouzou. Malgré les budgets colossaux investis par les pouvoirs publics, des pans entiers de la population souffrent le martyre du manque d'eau potable. Des communes à l'instar de Boudjima se voient rationnées de manière drastique. Les villages de cette région ne voient l'eau ruisseler dans les robinets qu'une fois par mois. La souffrance des villageois quant à la possibilité d'étancher leur soif augmente en ces temps caniculaires et éclate au grand jour pour de multiples raisons. Les services concernés se cachent derrière le fallacieux argument des possibilités qu'ont les citoyens à se procurer ce liquide par leurs propres moyens. Certes, les familles s'approvisionnent à partir de leurs propres forages et puits. Phénomène social, chaque village possède sa propre fontaine. Elle est la propriété des villageois. Ils l'entretiennent ensemble par des volontariats à chaque fin de saison estivale. Or, la croissance démographique a engendré une hausse des besoins en dépit des enveloppes budgétaires dégagées par l'Etat pour la réalisation des barrages et des forages pour l'alimentation des populations. Un fait que les élus locaux et les services concernés feignent d'ignorer. Aujourd'hui, après des années gérées par des promesses éphémères, la saison estivale vient démentir tous les vendeurs de rêves. En été, les puits et les fontaines tarissent. Les réseaux d'alimentation en AEP déployés à coups de milliards du Trésor public «ne sifflent que le vent». Comble du paradoxe, les factures de consommation sont à jour. Pourtant, les services de l'hydraulique et de l'ADE au niveau de la wilaya affirment que ces communes sont régulièrement alimentées. Leur quota est pompé quotidiennement. Boudjima est dotée de quelque 6000 m3 par jour. Alors, où va cette eau? Au niveau de la daïra, nous avons appris que la tâche de rationnement est confiée à des «vanneurs». Le même système est reproduit sur le territoire de la commune. Ces fonctionnaires sont tenus de répartir à tour de rôle ce liquide par un rationnement équitable entre les villages. Cependant, la répartition de ce précieux liquide se fait au bon vouloir du vanneur: un village reçoit de l'eau tandis qu'un autre est laissé à sa soif. Dans toute cette confusion des rôles accentuée par les vieux réflexes du «ben amisme», les populations devront certainement passer un autre été la gorge sèche. En attendant, les propriétaires des camions citernes se sucrent sur le dos des pauvres villageois menacés par la sécheresse.