Les Philippines ont estimé hier qu'un dialogue direct avec Pékin sur leur différend en mer de Chine méridionale n'était pas prêt de s'ouvrir compte tenu du refus chinois d'accepter un jugement international sur la question. La Cour permanente d'arbitrage (CPA), saisie par Manille, a jugé invalides le 12 juillet les revendications de Pékin sur l'essentiel de cette mer stratégique, une sentence rejetée avec force par la Chine. «En l'état actuel des choses, je ne suis pas sûr que l'on puisse envisager des négociations», a déclaré le ministre philippin des Affaires étrangères, Perfecto Yasay. M.Yasay et son homologue chinois Wang Yi ont évoqué la possibilité de discussions bilatérales en marge du sommet Europe-Asie qui s'est tenu à Oulan-Bator le week-end dernier, sans progresser. «Laissons retomber les émotions et voyons si nous pouvons rouvrir la voie à ce type de négociations», a déclaré le ministre à la chaîne ABS-CBN. La CPA estime que la Chine a violé «les droits souverains» de Manille dans sa zone économique exclusive. D'après la cour, le récif poissonneux de Scarborough, dont Pékin a pris le contrôle en 2012, est une zone de pêche «traditionnelle» qui doit être accessible notamment aux pêcheurs philippins et chinois. D'après M.Yasay, la Chine est prête à discuter de l'accès au récif pour les Philippins mais a prévenu: «Si vous insistez pour le respect du jugement, (...) alors nous pourrions être sur la voie de la confrontation». La «priorité numéro un» du président philippin Rodrigo Duterte est que les pêcheurs de l'archipel puissent à nouveau jeter leurs filets à Scarborough. «Prenons les choses une par une. Nous avons demandé à la Chine de faire preuve de retenue et de sobriété sur ce sujet, de maintenir le statu quo c'est-à-dire de ne pas mener d'actions agressives, de ne pas faire de déclarations provocantes». M.Duterte a annoncé la semaine dernière qu'il enverrait l'ancien président Fidel Ramos en Chine pour entamer des pourparlers. Le nouveau président dit vouloir préserver ses relations avec son puissant voisin. Pékin revendique la quasi-totalité de cette mer, soit 2,6 millions de kilomètres carrés sur un total de plus de trois millions, et se fonde pour cela sur une délimitation en «neuf traits» apparue sur des cartes chinoises des années 1940.