«Tourisme pour tous.» C'est le slogan de la Journée mondiale. Pourtant, notre marché intérieur est négligé pendant que le touriste étranger hésite. Ne faudrait-il pas commencer par définir l'activité touristique?... A contre-courant? Quelle idée que celle d'aborder le sujet du tourisme alors que la haute saison vient juste de s'achever? Le choix est dicté d'abord par l'actualité. Mardi dernier c'était la Journée mondiale du tourisme. En effet et depuis 1980, c'est l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) qui a choisi de célébrer cette journée chaque année. Elle a choisi la date du 27 septembre qui est celle de l'adoption de ses statuts en 1970. Pour cette année 2016 le thème choisi a été «le tourisme pour tous». Qu'en est-il chez nous? Mais avant et pour mieux mesurer l'importance du sujet il est bon de savoir de quoi on parle. L'OMT affirme que le tourisme est devenu «un des secteurs économiques à la croissance la plus rapide du monde...Aujourd'hui, le volume d'affaires du secteur touristique égale, voire dépasse celui des industries pétrolière, agroalimentaire ou automobile...». Dans une étude prospective, l'organisation mondiale table sur «une croissance vigoureuse» qui fera passer «le nombre des arrivées de touristes sur le marché de 940 millions en 2010 à 1,8 milliard en 2030». En d'autres termes ce sont «43 millions de touristes internationaux supplémentaires qui feront leur entrée chaque année sur le marché du tourisme», précise l'OMT. En un mot comme en mille, le marché est en pleine expansion. Que faisons-nous pour capter une part de ces ressources? Nous devons à la vérité de dire que nous tournons en rond autour de ce problème sans grand résultat. Pourquoi? Chaque ministre qui est nommé à la tête de ce secteur fait plus d'efforts pour nous «enfumer» que pour chercher le moyen de placer le «produit algérien» sur le marché international. Chaque ministre nous promet qu'avec lui nous allons décrocher le pompon. Pas plus tard que mardi dernier, Abdelouahab Nouri, l'actuel ministre du Tourisme s'est dit, à partir d'Oran où il était en visite, «optimiste» devant nos «énormes potentialités». Ce qui ressemble à une lapalissade ou à défoncer une porte ouverte. Car et au lieu de proposer une solution, un plan ou tout autre démarche pour «décoller», notre ministre, comme les précédents d'ailleurs, verse dans l'incantation. Jugez-en: «Il faut donner à ce slogan ( le tourisme pour tous '') son sens véritable...» a-t-il plaidé sans dire comment et qui doit lui donner ce «sens véritable». Il donne l'impression qu'il ne se rend même pas compte qu'il est le premier responsable dont la mission est de développer ce secteur. En admettant qu'il est difficile de se faire une place sur le marché international du tourisme pourquoi ne prend-il pas au mot l'OMT qui affirme sur son site «offrir son assistance aux destinations pour qu'elles se positionnent de façon durable sur les marchés national et international qui ne cessent de se complexifier». Au lieu de nous assommer, comme il l'a fait à Oran, avec les chif-fres des «1560 projets représentant un investissement global de 747 milliards DA et totalisant plus de 200.000 lits supplémentaires ont été adoptés à l'échelle nationale». Et nous refroidir juste après en précisant que 550 seulement de ces projets sont en cours de réalisation (le tiers). Au-delà de ces «performances», notre ministre se trompe s'il pense que les structures hôtelières suffisent pour faire du tourisme. A ce propos, il sera intéressant de suivre les «journées internationales du marketing touristique» placées sous son patronage et qui sont prévues au début du mois d'octobre à Alger. C'est l'une des principales causes qui freinent le secteur. Un marketing qui a son amont et son aval. Et puis il y a cette obstination de se focaliser sur le marché international alors que le marché intérieur n'est pas encore assuré. Aucun ministre n'y a accordé l'importance voulue. Les millions d'Algériens qui sont autant de touristes qui se rendent à l'étranger représentent au mieux un manque à gagner et au pire une perte sèche. Toutes les conditions naturelles (soleil, plages, montagnes, thermes, etc) qu'ils vont chercher ailleurs existent dans notre pays. Ce qu'ils ne trouvent pas ici c'est le rapport qualité-prix. Dans la qualité il y a l'accueil, l'hygiène, la restauration que seuls de vrais professionnels peuvent garantir. Ne pas exiger de qualification aux porteurs de projets de ces fameux «lits», c'est donner toutes les chances au tourisme national de ne jamais se relever. Au lieu d'être une administration qui empile les dossiers, le ministère du Tourisme devrait être essentiellement composé de pédagogues. Des éducateurs qui sillonneraient le pays et porteraient le bon message aux élus locaux (premiers promoteurs), aux populations et les convaincre sur la bonne attitude à adopter pour bénéficier du filon. D'autant qu'une bonne partie de la population a déjà compris. Il n'y a qu'à voir le développement du tourisme «chez l'habitant». Sur la côte notamment. Les vacances d'hiver approchent. Sur quelles offres travaillent actuellement les offices du tourisme? Les mêmes que celles proposées au salon de Paris ou celui de Berlin? Sans commentaire! [email protected]