Trois cents lecteurs sont sollicités pour procéder à la première étape du concours de l'association Promouvoir la lecture... Les amoureux de la littérature en général et des écrits de feu Sadek Aïssat en particulier se sont tous réunis vendredi dernier à la salle Ibn Khaldoun, à l'occasion de la création de l'association Pour la promotion de la lecture. Présidée par M.Bouhamidi, cette association veut, selon ce dernier, «développer l'amour de la lecture chez l'enfant dès son jeune âge et d'en faire un plaisir non une contrainte scolaire...». Pour ce faire, il a été décidé de remettre un prix chaque mois pour la meilleure note de lecture faite par un lycéen et d'attribuer un prix littéraire annuel du nom de Sadek Aïssat à un écrivain, le 6 janvier de chaque année, date de sa disparition. Ainsi, ce sont 300 lecteurs bénévoles qui sont sollicités pour sélectionner cinq romans, lesquels seront soumis à un jury composé de professionnels en la matière (éditeurs, écrivains, journalistes...) pour récompenser le livre de l'année. Le but, selon M.Bouhamidi, est de faire connaître les écrivains et leurs potentialités et par là même, donner au public l'envie de lire. Pour sa part, le libraire Sid-Ali Sakhri soulignera cette démarche militante qui vise à sortir de la bureaucratie en créant une dynamique autour du livre par des actions concrètes sur le terrain (hôpitaux, lycées...) et ainsi pousser les pouvoirs publics à relancer les activités dans les bibliothèques scolaires... Pourquoi un prix Sadek Aïssat? «C'est pour la force de son écriture, sa poésie, son attachement indéfectible au pays, à la musique chaâbie et à El-Anka...», confiera M.Bouhamidi, sur scène, devant la famille du défunt mais aussi des amis et proches, des fidèles de Sadek Aïssat qui ont toujours cru en lui et en son message d'espoir et de liberté. Ainsi, des témoignages saisissants aussi bien que bouleversants n'ont cessé de «pleuvoir» au cours de cet après-midi qui verra également la lecture, par un groupe de , d'un ensemble d'extraits choisis de l'oeuvre de Sadek Aïssat dont Je fais comme fait le nageur dans la mer. Pour sa soeur, «si Sadek, l'homme, est parti, il demeure le symbole». Très émouvante fut l'intervention de cet homme qui dit vivre actuellement à côté du cimetière où repose Sadek Aïssat. «Il n'avait rien mais il a laissé un grand héritage. Où a-t-on vu un mort tenir compagnie à un vivant? Il est toujours avec moi!». Présente lors de cette poignante rencontre, Amina Medjoubi lira la lettre de Madame Aïssat et sa grande affliction de sentir qu'elle a abandonné son mari. Elle dira sa profonde tristesse et son incapacité encore de se résigner à cette mort qui a fauché son mari, son ami, son amour, celui qui était de toutes les manifestations, les prises de parole... Présent, lui aussi, Réda Doumaz qui accompagnera les lectures par sa voix sublime et son jeu du oûd, dévoilera la grande amitié qui le liait à Sadek Aïssat qui, dit-il, «était l'un des rares à avoir flirté, couché et accouché d'El-Anka qui l'a «torturé»». Réda Doumaz narrera la personnalité de Sadek Aïssat, cet écrivain mélancolique, à sa façon, c'est-à-dire en belles chansons nostalgiques et remuantes. Notons que cet après-midi fut dédié également à deux grands artistes (moudjahidine) décédés récemment, Aïcha Haddad et Djamel Amrani dont Yasmina Khadra dira, un jour, de lui qu'il a vécu dans l'ingratitude des siens. «Dans cette déchirure qui nous malmène, il était beau dans la souffrance».