Les ruelles exiguës de ces quartiers très populaires sont pavoisées du drapeau national. El Bahia est en vert. C'est le constat relevé un peu partout dans la ville des deux Lions, Oran. Le rouge et blanc des Hamraouas du Mouloudia d'Oran ont vite fait de céder place aux couleurs nationales. Le devoir national oblige. Les habitants des quartiers, rues et ruelles de la ville se sont frénétiquement mis dans le bain du sport en se préparant à l'avance pour jubiler à l'occasion du premier match devant opposer aujourd'hui la sélection nationale à son homologue camerounaise. Les poulains de Rajevac, devant venir vaille que vaille à bout des Lions indomptables du Cameroun, ne seront donc pas seuls dans l'arène en affrontant les Camerounais qui ne vont sûrement pas venir pour faire de la figuration au stade de Blida. Les Verts seront subséquemment amplement assistés. En plus par des milliers des supporters ayant la chance de se déplacer au stade Tchaker de Blida, des millions d'autres composés d'hommes, femmes, jeunes et moins jeunes suivront la rencontre à partir de leurs domiciles et quartiers respectifs. Les Oranais ne dérobent pas à une telle règle depuis que les joueurs composant la sélection nationale sont revenus de loin en renouant avec l'ambiance du Mondial à partir de 2010 faisant le bonheur des Algériens à deux reprises consécutives, en 2010 et 2014. A Saint Pierre, tout comme à Cavaignac, la Bastille, Sidi El Houari, Plateau ou encore Gambetta, l'Usto, El Hamri, Mediouni, les jeunes sont d'ores et déjà prêts à gambader de joie. Chez Sidi Ahmed Chikou, le salon, doté d'un écran géant, est transformé en véritable gradin devant accueillir les inlassables et affables hommes comme Ninou, Zazou, Ghalem, Mustapha le philosophe et Amine Briksi. Leur mission ne sera pas facile, tant qu'ils devront faire face en résistant aux plaidoyers de leur très connaisseur et redoutable analyste du football algérien, Mohammed l'opticien. «Mohammed constitue la pièce maîtresse de notre groupe qui nous fournit des analyses très précieuses et précises», dira Sidi Ahmed Chikou. L'enthousiasme est donc totale, tandis que l'ambition quant à la nécessité de rafler les points du match Algérie-Cameroun revient sur les lèvres de tous les Oranais. Pour ce faire, les ruelles exiguës de ces quartiers très populaires sont pavoisées du drapeau national. Qu'a-t-il de si important un tel match qui ouvre le bal de la compétition? «Ils nous ont habitués à des victoires, nous les attendons, tout en les assistant, pour renouer de nouveau avec la bonne ambiance», dira un résident de la rue des Aurès, ex-la Bastille. Dans ce quartier, tout comme un peu partout dans d'autres cités d'Oran, le Vert est partout. «Moi, je peins mon visage en vert dès les premières heures de la journée de dimanche», dira un autre supporter des Hamraouas, le MCO. Le marché des couleurs revient en force A Oran, le mal des uns fait le bonheur des autres, notamment des commerçants de circonstance. Force est de constater que le marché de ces petites écharpes et longs bonnets verts est revenu en force. Des dizaines de jeunes sont déployés un peu partout dans les coins de la ville, proposant leurs produits aux passants à des prix allant de 500 à 1 500 DA. C'est à se demander d'où s'approvisionnent ces commerçants qui saisissent l'occasion pour s'enrichir! Les réponses ne viennent pas tant qu'aucune enquête n'est jusque-là pas ouverte. Cependant un tel commerce est prospère, engrangeant d'importants dividendes. Les policiers, faisant des petites rondes de temps en temps, ne daignent pas interdire un tel commerce ni chasser ces vendeurs installés dans les coins, tout en exposant leurs produits sur des étals de fortune, des cartons d'emballages. «Ils (les policiers) ne nous chassent pas quand on défend les couleurs nationales», dira Samir, un jeune à la trentaine connu pour être l'un des grands spécialistes des ventes dès que la première conjoncture se présente. «L'Equipe nationale est tout comme le Code de la route, le Vert nous permet de passer aisément», a-t-il ironisé avant d'apostropher un passant en lui proposant une écharpe à 700 DA. Telles que se sont déroulées les éditions de 2010 et 2014, les éliminatoires pour le Mondial moscovite de 2018 ne manqueront sûrement pas d'ambiance, du moins pas chez ces Oranais connus pour leur esprit festif de bons vivants. Le déclic devant aboutir à une grande animation est contre toute attente dégoupillé. Les Verts, assistés infailliblement par leurs amoureux, sont donc attendus à rendre la monnaie de la pièce de leurs supporters en faisant leur bonheur, à savoir battre les Lions indomptables.