Qu'en est-il du travail du Bureau d'études de restauration et de préservation des quartiers anciens ? Quelle est la mission exacte de l'Agence nationale pour l'aménagement du territoire ? L'absence de retenue d'eau sur les hauteurs, le déficit criant en matière de reboisement et le tissu urbain anarchique sont à l'origine de l'ampleur de la catastrophe du 10 novembre, selon plusieurs experts dont M.Yves Sanchez, responsable de la Ceram, filiale du groupe des Eaux de Marseille interrogé par L'Expression il y a deux semaines. Ces trois facteurs convergent vers l'affirmation d'une absence totale de plan d'aménagement ou d'urbanisme. Le wali d'Alger, M.Nourani, n'avait-il pas exprimé son étonnement de constater qu'il n'existe aucun Plan d'occupation du sol, POS, concernant les nouvelles constructions? La presse avait fait mention, dans le même cadre, que 71% du (POS) de la capitale n'étaient pas respectés. Cela revient à dire que seuls 29% des constructions sont licites et conformes aux normes urbanistiques. Nous pouvons même, dans un second mouvement, élargir le champ des perspectives en rappelant le chiffre de «2 millions de logements très fragiles au moment des intempéries» sur l'ensemble des villes du pays déclaré par la ministre de l'Habitat, M.Tebboune, dans un récent entretien accordé à notre journal. Ceci pour dire l'étendue de la précarité et le manque flagrant de politique d'aménagement du territoire, l'absence même d'un semblant de stratégie, de prospection dans le domaine de l'urbanisme. On se demande même à quoi aura servi, ou servira, ce nouveau corps de la sûreté nationale récemment créée : la police de l'urbanisme et de l'environnement. A quoi sert le CTC d'Alger qui n'avait cessé d'emetre des rapports d'expertise sur les risque d'effondrement des immeubles de la rue Rachid-Kouache par exemple à Bab El-Oued? Qu'en est-il du travail du Bureau d'études de restauration et de préservation des quartiers anciens? Quelle est la mission exacte de l'Agence nationale pour l'aménagement du territoire? Prenons pour exemple la région d'El Harrach et son fameux oued. Il y a cinq ans, une crue avait complètement inondé, dans la plus grande des indifférences des autorités locales, le quartier dit des Trois-Caves. Ce quartier, composé essentiellement de constructions individuelles, datant, pour les plus anciennes de la fin des années 80, est situé sur un bord non protégé de l'oued El Harrach. Les inondations avaient fait beaucoup de blessés et n'ont fait, fort heureusement, aucun mort. Mais le risque d'une prochaine crue de l'oued reste on ne peut plus insistant. Le même topo est à signaler dans des zones particulièrement à risque, ayant subi une concentration urbaine à la faveur de quelques campagnes de constructions. C'est le cas du Val d'Hydra, du secteur de Sidi Yahia à Saïd Hamdine, de la Colonne Voirol vers Bir Mourad Raïs, etc. Et attention, là nous n'évoquons que la capitale qui s'est mise, d'une certaine manière, sous les feux de la rampe médiatiques. Qu'en est-il alors de ce qu'on appelle si pudiquement «l'Algérie profonde»? A Alger, il y a peu de place au vrai débat. Les déclarations des uns et des autres alimentent des polémiques sans cesse renouvelées: les tunnels obstrués par les militaires en 1997 ont poussé la Grande muette à réagir alors que les services techniques n'ont bougé que pour assurer le relais des démentis. 48 heures après le drame, l'ancien directeur de l'hydraulique d'Alger et actuellement cadre au sein de la wilaya, avait déclaré que le curage du réseau d'évacuation était effectué chaque mois d'août. Une semaine plus tard, un expert a estimé, pour sa part, que les dégâts de la catastrophe auraient été minimisés si les systèmes d'évacuation des eaux avaient été bien assainis dans les normes. Il suffit juste de constater, de visu, dans les rues de Bab El-Oued les effets du mauvais bitumage qui ont fait condamner plusieurs revers de captage d'eau. D'autres sources évoquent, comme l'a fait un confrère, la fermeture des systèmes d'évacuation des crues mis en place par les Français en 1951. Un système qui devait prévenir les crues de grand débit comme celle de 1948, selon cette même source. L'un dans l'autre, un fax de l'APC de Oued S'mar nous apprend qu' «en prévision des éventuelles inondations, des travaux continus sont engagés pour curer les avaloirs et les regards à travers le territoire de la commune»...